Tunis Novembre 2017
Journal du voyage-atelier philosophique
Dimanche 5 novembre
Nous débarquons à 20 heures venant de Toulouse, avec 40mn de retard à l’aéroport de Carthage.
Dans l’avion nous repérons Chantal M. et nous retrouvons aux formalités de douane.
Faouzi et Safa nous attendent dans le grand hall.
Faouzi a tenu à venir nous saluer prévenu par Sarah depuis Toulouse de nos jours et heures d’arrivée.
Il raccompagne Chantal à l’hôtel Naplouse au centre ville où le plus gros de la troupe est logé très confortablement. Safa nous ramène au 48 avenue de Casa où nous sommes hébergés, Claude, Michel et moi chez les Maatallah !
Le bus de l’Université est en réparation, ce qui va grever le budget : les organisateurs sont contraints de prendre deux minibus de ‘’louage’’ pour les transports du groupe et de compléter par les voitures individuelles de Safa et autres ! Chacun paiera 130 euros et on verra si on arrive à boucler le budget !!!
Au besoin on mettra un chapeau pour compléter !
Oussama nous a fait un gros plat de pâtes agrémentées et bien épicées au piment comme de juste dans le pays, pas trop quand même pensant à nos palais peu habitués à ces saveurs piquantes !
Nous nous enquerrons des évolutions du programme et sommes tout de suite plongés dans un autre monde :
Gleya a tracé avec Kristou un planning à grands traits évolutifs laissant la place à des interventions possibles et souhaitées de notre part !
Tout va bien, inutile de s’énerver au nom du PLAN, des objectifs et des anticipations !!! CONFIANCE et COOPÉRATION !
Donc demain nous nous rendrons à Bizerte dans l’école privée où exerce Amani notre jeune amie convaincue du bien fondé des ateliers philo et qui les pratique depuis 2ans !
Il semble qu’elle ait prévu d’animer un atelier « documenté » à partir de la fable de La Fontaine ‘’Le laboureur et ses enfants’’
Ce texte me paraît un peu trop ‘’transmissif’’, la morale est massive et fait peu de place à la critique, mais soit ! On pourra toujours questionner et titiller l’esprit critique des enfants une fois qu’ils auront compris le message !!!
J’insiste (puisque ce sera notre première journée de session dédiée au courage citoyen) pour qu’on fasse un atelier court sur le courage que j’animerai dans une classe, Claude faisant de même dans l’autre, je la brieffe et c’est d’accord !
Gleya n’est pas très sûre que les petits seront capables de réfléchir sur le courage citoyen mais elle nous laissera faire et Ameni aussi !
On me dit que l’après midi des enseignants invités seront réunis pour entendre informations et présentation ayant le désir de pouvoir se lancer dès que possible dans l’aventure avec l’aide de l’AMPC !
Cela signifie qu’il me faut préparer une intervention les mettant dans le bain d’un atelier très vite !
Donc il nous faudra un lieu avec des chaises et un mur blanc, prévoir une heure correcte pour la réunion, après le repas qu’on prendra (à 20!)chez Améni, la possibilité de caser tout ce monde ( 35 personnes), et de quoi projeter des vidéos ! Nous le reprécisons !
Je rumine pendant la nuit les modalités du lendemain… Comment assurer l’essentiel au mieux : convaincre par l’expérience et la pratique (et la réflexion sur la pratique, de ce qui est possible et éminemment souhaitable , et enthousiasmant !)
Lundi 6 novembre
Réveil à 7h pour être à 10h à Bizerte après avoir pris le reste de la troupe à l’hôtel Naplouse sans se laisser bloquer dans les bouchons ! Sportif !
Nous poireautons en piaffant à tous les coins de rue…
J’ai horreur d’être en retard et cela ne loupe pas nous arrivons à l’école d’Ameni à 10 h et demi au lieu de 10h!
Les documents ont été distribués, le texte lu silencieusement dans les 2 classes où se sont répartis les adultes du groupe, c’est à dire nos 6 amis marocains, nos 3 amis algériens et la vingtaine de tunisiens recrutés par Rifaat sur place : 6 inspecteurs dont 3 de français, et des enseignants.
Le Laboureur et ses Enfants
Jean de La Fontaine
Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût.
Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Jean de La Fontaine
Les enfants sont invités à dire ce qu’ils retiennent de leur lecture et quelles sont les questions qu’ils se posent. Ils ont bien compris et s’expriment volontiers.
« Le travail est un trésor, c’est nécessaire pour vivre. Est-ce bien de ruser et de mentir quand on est parent?… »
La question du travail -trésor est retenue et les règles ayant été expliquées , commentées avec les enfants, le débat peut commencer.
Idées avancées : sans travail, pas de vie possible, pas d’argent, pas de but à atteindre comme d’obtenir un métier, des légumes, la santé ! Exemple du travail de l’ingénieur, du médecin et de l’agriculteur.
Le trésor ce n’est pas seulement l’argent ou la réussite ce peut être aussi les compétences acquises pour œuvrer au mieux vivre ensemble… le travail ce n’est pas seulement celui que nous ferons comme adulte, le métier, mais c’est aussi le travail que nous faisons dès maintenant à l’école !
Que retenons-nous de cette séance ?
Le travail est un vrai trésor sans le quel il n’est pas de vie possible, Le trésor ce n’est pas seulement l’argent . Le travail c’est déjà à l’école.
J’ai été content de mélanger mes pensées à celles des autres et de vous revoir après deux ans !!!
Remarques
Les enfants se sont exprimés en français avec quelquefois des difficultés dépassées grâce à l’accueil de leur parole et à l’autorisation donnée de dire en arabe ce qu’on ne pouvait exprimer en français !
Cette séance est une formidable occasion de parler une langue pour de vrai et pas comme un exercice scolaire !
Deuxième atelier
Atelier court : Vous avez tous eu l’occasion de vivre ou de voir un acte de courage. Pouvez-vous essayer de préciser ce que c’est que le courage pour vous…
Qu’est-ce que le courage pour vous ?
En 3 tours sans être interrompu, sans être trop long, en parlant librement et avec la possibilité de se tromper et de revenir sur ce qu’on a affirmé après avoir entendu les autres, avec la possibilité de passer son tour si on n’est pas prêt…
Animation en 2 groupes : Claude Dejean- Danièle Dupin
idées émises :
« Le courage c’est ne pas avoir peur, c’est dire la vérité, c’est oser faire quelque chose de bien même si les autres nous regardent de travers, c’est ne pas avoir honte… ça s’apprend d’avoir confiance en soi, ça permet de gagner le respect des autres et de soi !
On a aimé écouter les autres, essayer de les comprendre, c’était agréable !
Repas à 20 chez Améni : Couscous tunisien délicieux ! Toute la famille s’y est mise. Accueil très chaleureux !
Après midi 14h30
Dans le bureau de l’inspectrice…
– Présentation vidéo de l’interview d’Edwige Chirouter à l’occasion de l’ouverture de la Chaire Unesco de philosophie avec les enfants. Discussion sur les enjeux
– Présentation de la petite vidéo de Michel Tozzi à l’occasion des ateliers présentés lors de la journée de la philosophie à l’Unesco Paris en 2014
Les participants notent que les petits parisiens de Michel Tozzi manifestent le même enthousiasme et avec quasiment les mêmes mots que les élèves d’Améni le matin!
Visionnement en atelier-café citoyen ( en grand groupe entre adultes) du film d’Alain Guyard ( La philo vagabonde) , un philosophe intervient dans une prison ! (Voir enregistrement ou You Tube)
On retient l’idée que pour Guyard, c’est l ‘’acte philosophique’’par excellence, celui de la volonté d’une rencontre réelle, physique des personnes incarcérées considérées de fait dans leur dignité d’êtres humains – Paroles de détenus : La prison peut être un espace de méditation, « On y a tout son temps ! »- Qui est en prison ?
– Le droit à l’erreur revendiqué pour les enfants y trouve une extension logique : personne n’est enfermé dans l’erreur qu’il a commise…
Le choix courageux de Socrate est estimable même si ce n’est pas le seul possible, Antigone a choisi celui de la transgression au nom d’une autre valeur. Socrate affirme avec force qu’il préfère subir l’injustice plutôt que de la commettre ! ‘’L’homme est celui qui s’empêche ‘’: il doit être maître chez lui pas se laisser emporter par ses pulsions !
L’assistance est intéressée par le sujet et par ce type d’atelier qui permet de travailler avec un grand groupe !
Question posée par une enseignante qui vient pour la première fois : « Quelle faisabilité pour ces ateliers dans le contexte tunisien ? »
Nous répondons qu’il y a des témoignages de mise en œuvre dans des situations comparables en Algérie et au Maroc et même déjà en Tunisie avec l’AMPC… Les collègues confirment avec force
Mardi 7 novembre
Nous avons RV à 10h au local des Femmes Démocrates et sommes reçues par Mme Hakimi qui nous explique le rôle et le chemin suivi par ce groupe pendant la révolution de jasmin mais aussi avant et depuis…
Elles engagent des campagnes en 91 contre les violences faites aux femmes : « La violence est une malédiction mais le silence est pire », mettent en place 5 centres d’écoute en Tunisie, rédigent et font connaître la constitution virtuelle de la Tunisie qu’elles font parvenir aux élus chargés de rédiger la véritable constitution de la Tunisie ! Mènent campagne aujourd’hui contre l’instrumentalisation du corps de la femme dans la publicité…
Des questions sont posées par le groupe sur le sens de ce combat qui est aussi une lutte contre nos préjugés ceux des hommes et ceux des femmes…
Michel déroule ensuite son fil rouge sur la journée d’hier et nous renvoie
l’image d’un groupe qui avance un peu dans le brouillard et les bouchons, à la recherche de clartés et de notes d’optimisme trouvées dans les implications des enfants et de leur enseignante remarquables d’authenticité et de fraîcheur et dans le voyage en prison entrepris avec Alain Guyard présentant Socrate qui préfère subir l’injustice plutôt que la commettre !
Fil rouge du mardi
Il prend d’abord la fonction de Fil d’Ariane. Le trajet Tunis -Bizerte ou plus justement jusqu’aux point de rendez-vous avec tout notre groupe prit l’allure d’u rallye à énigmes assez excitant, sauf pour les fanas de la stricte exactitude. Ariane prendra au finish la couleur rouge de la voiture de Kristou que nous suivons pour nous conduire, après d’ultimes vicissitudes, à bon port.
Les plus perspicaces en conviendront, l’événement est à prendre comme le symbole de ce que nous avons à vivre. Pour la circonstance je le formulerait librement ainsi : se débrouiller par soi-même avec l’aide des autres !
Et voilà donc un premier pas offert pour vivre ce beau rêve .
Après l’accueil chaleureux des amis retrouvés, du Maroc d’Algérie et d’ici, notre groupe entoure dans deux salles de classe deux dizaines d’enfants, propretés, cravates, volontaires heureux pour faire ateliers l’un bien documenté par Jean de la Fontaine nous menant au chevet d’un riche laboureur en train de trépasser, l’autre atelier court sur un sujet tout brut lancé comme un défi à ces jeunes personnes : le courage !
Ce fut un vrai régal de voir tous ces petits, œil vif, parole libre, déployée même au-delà des mots quand ils ne venaient pas pour dire ce qu’on sent, qu’on pense, qu’on estime. Silences imposes par manque de pratique n’ont à rien a voir avec de froids mutismes. Ils ont leur éloquence et elle est perceptible pour qui sait écouter avec les yeux et perçoit que le temps propre a une éclosion fera naître les mots qui manquent aujourd’hui, bientôt, un peu plus tard … avec l’aide des autres.
D’ailleurs (mon fil rouge me guide), il fallait voir aussi l’air des observateurs. Leurs regards éclairés par celui des enfants, eux aussi attentifs, poussés par le désir d’avancer vers plus de découverte de choses qu’ils savaient – peut-être – mais ici éclairées du bel esprit d’enfance qui rajeunit l‘esprit, rend curieux et plus simple, toujours prêt à trouver au futur des couleurs d’espérance.
Cet esprit de jeunesse nous l’avons retrouvé chez ceux que la prison privait de liberté. Sauf – ils en témoignaient – que celle de l’esprit, du cœur, de la pensée, leur était conservée et même stimulée. Victoire remarquable d’hommes demeures hommes malgré l’adversité.
Le rouge de mon fil prend ici un éclat que n’éteindra jamais aucune obscurité.
Et voilà mon fil rouge prend forme d’épuisette pour recueillir des fruits bien lavés par la pluie, au bout de nos rencontres.
D’abord une méthode bien rodée par l’usage mais toujours a reprendre et a perfectionner. Elle vaut pour des enfants elle vaut pour des adultes. Sa pratique demande l’écoute et le respect, une attention active, du courage … La clé de voûte de nos travaux !
Ensuite la révélation que des chemins se tracent vers plus d’humanité quand des enfants découvrent à propos du travail que l’argent n’est pas son but unique car Il permet aussi de rendre utile et de rendre service. Il rend heureux. Quant au courage, après un temps de réflexion qui nous montrait combien partir de concepts secs était fort difficile, il est après des tâtonnements influences par la fable du laboureur en fin de vie, il est perçu comme courage de dire la vérité, de vaincre la timidité, de vaincre la peur …
Et la leçon encore reçue des prisonniers enseignée par Socrate. N’était-elle pas (pardonne-moi Socrate) du même tonneau ? Leur satisfaction de réfléchir plus et mieux qu’ils n’auraient pu l’espérer en liberté, les bénéfices de l’écoute mutuelle capable d’accueillir des points de vue contraires … sur fond de respect et de tolérance … mon épuisette recueille là des pierres bien précieuses.
Bref un trésor de valeurs à partager, à développer, courageusement, à la table de nos convivialités citoyennes.
Claire-Marie accepte d’animer l’atelier documenté allégé pour le quel nous avons un synthétiseur Gléya, et des observateurs.
Le texte proposé est Le courage citoyen de Manuel Cervera Marzal.
Atelier documenté, texte de départ :
La question des modalités de la subjectivation politique – comment produire de la citoyenneté ? – invite à réinvestir la notion de courage, entendu comme ce qui fait passer un individu de l’intelligence d’un problème à la volonté de le résoudre. Le sujet politique fait preuve de courage en sortant des coulisses pour venir s’exposer sur la scène politique. Mais, cette définition générale étant admise, force est de constater que la notion n’est pas monolithique. En effet, la modernité politique, tant au niveau de la pratique que des idées, nous permet de dresser une typologie tripartite des différentes formes de courage : le courage de la vérité (cf Foucaultle courage de dire le vrai dans un monde de mensonges et de « faire de sa vie un témoignage de vérité » ); le courage de la liberté, qu’à l’instar d’Arendt nous nommerons héroïsme – L’héroïsme est le courage de préférer la mort à la servitude au sens où, comme le disait le révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata, « mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux ! »; et le courage de la non-violence, cf Gandhi le courage de « combattre le mal tout en refusant d’imiter sa violence ».
Les mots ont une importance, jusque dans leur dernière syllabe. Aborder la question du sujet politique par l’angle de la subjectivation plutôt que par celui de la subjectivité n’est pas anodin. La notion de subjectivation implique de penser le sujet comme un processus, une progression, une réalisation toujours en cours, et non un donné, un statut, un état déjà atteint et achevé. Le sujet politique est en construction permanente. Le citoyen n’est pas un produit dont on pourrait constater l’existence mais un projet qu’il s’agit justement de produire.
Lecture en est faite à voix haute, certains passages sont lus deux fois car le texte est dense !
L’assistance se déclare intéressée par les distinctions faites sur les formes de courage et se pose des questions sur la ‘’vertu’’ de courage, et sur son rapport avec la citoyenneté.
Le courage est-il inné ou acquis, peut-il s’éduquer, se développer ? Peut-il n’être qu’individuel et centré sur soi ? Y a-t-il un courage du criminel ?
Se remettre en question, oser pardonner sortir des sentiers battus n’est-ce pas cela le courage.Peut-il y avoir du courage sans action ? Sans réflexion ? Tout oser est-ce courage ou folie ? Peut-on appeler courage n’importe quelle audace, toute action suicidaire, toute entreprise ne visant pas une valeur supérieure, l’amour des autres et bafouant leur vie et leur dignité ? Dans courage il y a cœur, vie et pas mort, même si le risque est associé à la notion !
La séance se termine par un dernier tour de parole, chacun donne sa conclusion provisoire et son ressenti.
Les observateurs nous renvoient les signes repérés d’une bonne écoute et de l’évolution de la pensée du groupe par petites touches, des signes aussi des conquêtes méthodologiques et du bienfait des protocoles qui cadrent et permettent l’expression !
Nous partons déjeuner et l’après midi est libéré pour permettre de visiter la librairie El Kitab sur l’avenue Bourguiba et de parcourir les ruelles de la Médina
Les hôtes de Gleya rentrent préparer la journée consacrée au départ de Habib à la Manouba !
Mercredi 8 novembre
-Accueil par Mme la Vice Doyenne
– Présentation de la journée et de la circonstance par Gleya pour l’AMPC
– Mot de Habib Mellah , témoin des évènements du ‘’Manoubistan’’
– Présentation rapide de l’engagement d’ARP-PHILO par Danièle :
Monsieur le Doyen, mon cher Habib
Nous sommes venus nombreux et de loin, nous tous de l’association ARP-PHILO pour vous fêter et célébrer avec vous, l’amitié et le courage.
Merci de nous en donner l’occasion et la substance !
Voici des années que fidèlement vous nous accompagnez et encouragez dans notre entreprise de libération de la pensée dans ce combat pour l’avènement de plus d’humanité dans le monde que nous menons avec nos amis de l’AMPC.
Nous avons commencé par notre lieu de vie, le bassin méditerranéen où la Tunisie joue historiquement et géographiquement un rôle de premier plan , nous avons commencé un travail dans cette Université dont les libertés vous sont chères et ne sont hélas jamais totalement acquises, il faut de l’opiniâtreté pour sans cesse nous appliquer à les exercer dans la tourmente comme dans la paix.
Maintenir le cap de la liberté de penser dans le calme et la bienveillance, c’est tout un programme jamais fini !
Mon ami Michel Dagras va nous aider à lancer ou relancer la réflexion sur le sujet du courage citoyen par un exposé qui sera suivi d’un débat.
Encore merci à vous cher Habib d’être là avec nous, pour nous accueillir et nous accompagner dans cette grande entreprise !
– Exposé conférence de Michel Dagras sur le thème du courage.
Monsieur le Doyen
C’est un honneur pour moi de vous saluer avec ces quelques mots, inspirés pour une part par les échanges et les réflexions qui nourrissent depuis lundi notre session sur le courage citoyen.
Un penseur du siècle précédent a dit du courage qu’il était la vertu du commencement1. Comment le comprendre ? Imaginons l’état d’esprit d’un parachutiste au moment où il se lance pour la première fois dans le vide. Son courage c’est alors sa décision libre de faire un pas hors de l’avion. Il a peur mais surmonte sa peur du vide et l’appréhension de voir son parachute mal s’ouvrir ou pas du tout. Une fois dehors, plus de choix ! mais la nécessaire gestion d’une situation irréversible, sa descente jusqu’au sol. Même problème pour un plongeur. Se jeter à l’eau, surtout si elle est froide, demande un courage ponctuel. Il lui faut ensuite seulement nager … à moins qu’il ne s’agisse de sauver quelqu’un en train de boire la tasse ! Le courage initial se prolonge alors en risque se noyer, entraîné par celui qu’il cherche à sauver sauver. Le courage passe ainsi du comportement ponctuel à la posture durable. Le héros exceptionnel cède la place au citoyens quelconque. Le courage quitte les atours du spectaculaire pour se vêtir d’endurance, d’humilité, de fidélité. Et le voici d’autant plus méritoire que viennent avec le temps la lassitude et les désillusions, la tentation de l’abandon, de baisser les bras, de rentrer dans les rangs du convenu, du repli sur soi, de l’indifférence… Souvent ces deux courages, le ponctuel et le continu, se conjuguent. Ainsi celui de la mère de famille, quotidien par nature, connaît-il parfois l’exceptionnel de dévouements sublimes. Ces courages distincts le sont encore dès que l’on considère leurs champs d’application. Ici la liste est longue et nos premiers échanges au cours de la session ont permis d’évoquer le courage de dire la vérité, de reconnaître ses torts et ses limites, de travailler, de durer dans les engagements, de surmonter les adversités … et pourquoi ne pas tout simplement parler du courage de se lever, de se laver, de ne pas se laisser aller … Un grand manteau d’Arlequin se déploie très vite sur les épaules de celles et de ceux qui consentent sans le savoir d’être prosaïquement courageux .
Ce préambule descriptif demande plus et plus profond. Il appelle en effet à réféchir si peu que ce soit, à la nature même du courage … Non par simple curiosité intellectuelle mais pour chercher à reconnaître comment cette vertu nous concerne, qui que nous soyons, quelles que soient nos sociétés et nos cultures.
Tout acte de courage nous fait courir un risque hors des sentiers battus.
Il faut prendre sur soi pour sortir de soi-même, affronter la critique du politiquement correct, soulever le couvercle de la pression sociale, fissurer les écrans des contre-vérités, troubler des égoïsmes, éveiller les consciences contre les dogmatismes, questionner, dialoguer, servir l’esprit critique et non pas la violence, accepter s’il le faut soi-même de changer mais en sachant pourquoi et nous y reviendrons
Les réactions à ces courages qui dérangent sont connues. Elles viennent de résistances et d’agressivités motivées par la peur de remises en question, de refus du débat, du recours au combat sous la loi du plus fort avec ces armes lâches que sont la calomnie, les menaces et jusque aux voies de fait.
Mais ces sorties de soi pour courir l’aventure de risques et périls parfois considérables demandent des raisons.
C’est là me semble-t-il que se tient l’essentiel. Lutter ne se suffit pas à lui-même. Un pourquoi en un mot mais aussi en deux mots motive le combat, l’éclaire et le soutient. Une conviction forte anime le courage, entraîne hors de soi-même, jusqu’à rendre capable de risquer de sa vie, s’il le faut. Ce fut le courage d’Antigone bravant la loi inique qui lui interdisait d’inhumer son frère. Ce fut le courage de Socrate préférant subir l’injustice que la commettre et celui de tant d’hommes et de femmes des origines de l’Histoire jusqu’à nous. Ce courage-là nous le célébrons aujourd’hui. Il repose sur un certain sens de l’homme, de sa dignité personnelle, de sa liberté de conscience, du respect de la diversité sociale et culturelle, autant de fondements d’une égalité et d’une solidarité citoyennes.
Alors le courage prend forme collective pour nous donner la force de ne pas hurler avec les loups, de servir la vérité mais sans perdre de vue le service du bien vivre-ensemble. Courage de celles et de ceux qui s’attachent à la justice plutôt qu’à l’écoute des sirènes de la magouille et de la corruption, des égo¤ismes et des communautarismes.
Vient aussi le jour où sonne l’heure d’un courage spécifique, celui de décider, sa mission replie, de lâcher prise. Mais s’agit-il alors d’un abandon ou d’un passage de relais ? Le coureur qui parvient au bout de sa course s’applique a transmettre le témoin à celui qui l’attend et commence à se lancer à son tour, le relais pris et solidement tenu jusqu’au suivant passage. Le relais ? On l’appelle le témoin. Et si notre rencontre aujourd’hui était à vivre comme passage d’un témoin à tenir et à transmettre à notre tour dans nos environnements humains et sociaux respectifs. De toutes façons le courage perdure ailleurs, sous d’autres formes, persuadés que, selon le mot de Victor Hugo, l’égoïsme social est un commencement de sépulcre2 ?
Habib merci, merci de tout cœur pour l’invitation au courage que nous adresse votre témoignage de citoyen, d’intellectuel, de passionné par l’universel, cette qualité par définition spécifique de toute Université digne de ce nom.
Cœur et courage ont même racine. Au nom de tous les amis qui débarquent du Nord, choukran cher Habib et bon courage, toujours.
Pause
– Débat animé par Abdelaziz en café citoyen à partir de l’exposé de Michel. Nombreuses questions soulevées :
Comment éduquer à la citoyenneté ? Le courage du silence ? Le courage est-ce n’avoir jamais peur ? Pour quoi et pourquoi…
– Atelier documenté à partir d’un texte de Habib Kazdaghli recueilli par Habib Mellah et débat sur l’école de la république : Comment faire en sorte qu’elle reste un lieu de savoir ouvert préservé des pressions des fondamentalistes ou des marchands.
Repas
Après midi : Visionnement du film des évènements de la Manouba et témoignages
https://www.youtube.com/watch?
Jeudi 9 novembre
Fil rouge de Jeudi
La draille du courage.
La draille désigne un faisceau de petits sentiers traces par des moutons en marche vers une pâture. Ils sont tous différents mais convergent en même temps vers le même but,
Ainsi nos échanges et nos réflexions. Multiples sentiers tracés en fonction des sensibilités, des expériences et des idées, stimulées par celles des autres. Mais une direction commune, un axe de marché profond, évoque hier par Habib quand il évoquait son POUR QUOI et son POUR QUOI avec ses mots à lui : être à la hauteur de sa Mission, en conformité avec un certain sens de l’homme.
La saga d’hier à été remarquable à plusieurs égards.
Les séquences témoignages ont drainé des contenus intéressants et laissé place à des ateliers instructifs. L’essentiel de leurs contenus sera présenté dans la synthèse qui suivra ce fil rouge.
Une page impressionnante de l’Histoire de la Tunisie à été ouverte devant nous, présentée par ceux-là même qui l’ont écrite. Avec un courage exemplaire animé par une motivation forgée par des années de formation initiale et d’engagements civiques de haute tenue.
Nous étions quelque peu subjugués, rejoints et stimulés dans nos propres expériences, peut-être moins risquées mais fondées sur les mêmes valeurs. Nous touchions au noyau dur de la session dans sa méthode et dans ses contenus. Dans sa méthode car le Doyen sortant n’a cessé de battre les cartes de la participation dans la défense des valeurs humaines, de la vérité et de la justice et du respect d’autrui, jusque dans les situations qui imposaient le recours obligé au rapport de force.
Devant les fragilités du futur, l’inconnu des prises de position de collègues. … nous ne pouvons que nous accrocher à un « Espérer quand même ». . Capable de fonder les courages à venir avec une confiance à toute épreuve.
Mais mon fil rouge me conduit surtout à relever ce que j’appellerais l’épaisseur humaine de la journée. Nous avons en effet perçu la grande amitié des compagnons de route de Habib. Et tous avons joint de tout cœur la nôtre à la leur. Leur admiration pour le comportement de cet homme n’hésitant pas à risquer sa vie au nom de son devoir et de ses convictions , nous a aussi fortement touchés. Ce fut parfois pathétique jusque dans l’émotion ô combien perceptible au cours de témoignages d’amis et de collègues qui partagèrent, fût-ce parfois de loin, l’aventure passée et toujours actuelle, nous l’avons bien senti, à la Manouba.
Au creux de l’épuisette en bout de mon fil rouge je cueille ce trésor admirable et fragile. Il est un talisman pour guider notre draille, aujourd’hui et demain, chaque jour, aux heures du courage.
Régulation
On s’était demandé quel était le rapport entre la peur et la non citoyenneté.
Le courageux , est-ce quelqu’un qui n’a aucune émotion ni peur ni honte ?
Habib nous a dit que lui ne s’y est pas attardé, emporté par l’urgence du devoir, l’exigence d’agir en conformité avec son moi profond l’emportant vers l’action la plus adéquate dans l’intérêt du bien commun.
En ce sens le criminel ou le bras aveugle de Daesh n’est pas courageux mais fou, cupide, téméraire ou suicidaire… son acte est amputé de la dimension humaine nécessairement liée au courage.
L’inné c’est la simple aptitude qui doit être actualisée grâce au contexte et
à la volonté de tout faire pour devenir plus humain… l’humanité est en puissance, à chacun d’y grandir s’il veut !!!
Atelier court : Qu’est-ce qui nous empêche d’être courageux ?
Ce qui nous empêche d’être courageux c’est la priorité accordée à la survie animale ou à l’égoisme.. la non confiance en ses capacités de dépassement…le découragement devant l’ampleur et la durée de la tâche…
Atelier documenté : Sapere aude texte de Kant extrait de « Qu’est-ce que les lumières ? »
Les lumières, c’est pour l’homme sortir d’une minorité qui n’est imputable qu’à lui. La minorité, c’est l’incapacité de se servir de son entendement sans la tutelle d’un autre. C’est à lui seul qu’est imputable cette minorité dès lors qu’elle ne procède pas du manque d’entendement, mais du manque de résolution et de courage nécessaires pour se servir de son entendement sans la tutelle d’autrui. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement : telle est donc la devise des Lumières.
La paresse et la lâcheté sont causes qu’une si grande partie des hommes affranchis depuis longtemps par la nature de toute tutelle étrangère, se plaisent cependant à rester leur vie durant des mineurs ; et c’est pour cette raison qu’il est si aisé à d’autre de s’instituer leurs tuteurs. Il est si commode d’être mineur. Si j’ai un livre qui a de l’entendement pour moi , un directeur spirituel qui a de la conscience pour moi, un médecin qui pour moi décide de mon régime etc., je n’ai pas besoin de faire des efforts moi-même. Je ne suis point obligé de réfléchir, si payer suffit ; et d’autres se chargeront pour moi l’ennuyeuse besogne. […]
Il est donc difficile pour tout homme pris individuellement de se dégager de cette minorité devenue comme une seconde nature. Il s’y est même attaché et il est alors réellement incapable de se servir de son entendement parce qu’on ne le laissa jamais en fait l’essai. Préceptes et formules, ces instruments mécaniques destinés à l’usage raisonnable ou plutôt au mauvais usage de ses dons naturels, sont les entraves de cet état de minorité qui se perpétue.
Mais qui les rejetterait ne ferait cependant qu’un saut mal assuré au-dessus du fossé même plus étroit, car il n’a pas l’habitude d’une telle liberté de mouvement. Aussi sont-ils peu nombreux ceux qui ont réussi, en exerçant eux-mêmes leur esprit, à se dégager de cette minorité tout en ayant cependant une démarche assurée.
Qu’un public en revanche s’éclaire lui-même est davantage possible ; c’est même, si seulement on lui en laisse la liberté, pratiquement inévitable. Car, alors, il se trouvera toujours quelques hommes pensant par eux-mêmes, y compris parmi les tuteurs officiels du plus grand nombre, qui, après voir rejeté eux-mêmes le joug de la minorité, rependront l’esprit d’une estimation raisonnable de sa propre valeur et de la vocation de chaque homme a penser par lui-même. […]
Mais ces Lumières n’exigent rien d’autre que la liberté et même la plus inoffensive de toutes les libertés, c’est-à-dire celle de faire un usage public de sa raison dans tous les domaines. Emmanuel Kant, Qu’est ce que les lumières ? 1784, Trad. J. Mondot, université de Saint-Étienne, 1991
Café citoyen préparé par Jean François Alleman à partir du film de Jacquard :Rencontres.
Animation : Faouaz avec Aziz comme gardien du temps et Waed et Ali pour la synthèse.
La libération de la tutelle de l’autre est-elle utile, pour quoi?
On est dans un processus de libération jamais dans la liberté totale, chacun est membre d’une communauté, inscrite dans une culture. Prendre conscience de ses conditionnements est nécessaire mais difficile et nécessite un travail sur soi !
Vendredi 10 novembre
Visite du Musée National Militaire , du palais de la Manouba et de la Zaouia de Sayda Manoubia au cœur du quartier .
Les officiers qui nous reçoivent sont fiers de nous présenter les œuvres de peintres et les maquettes des batailles d’Hannibal, un génie militaire !
Habib Mellakh nous sert de guide pour la Zaouia et nous explique ces pages de l’Histoire Tunisienne : la ferveur populaire envers cette ‘’sainte’’ à qui sont attribués des pouvoirs de baraka, ce qui ne convient pas aux salafistes !
Repas au restaurant du campus universitaire
Puis dans la salle de réception en face du bureau du doyen, réunion de clôture de la session. Michel déroule son dernier fil rouge
Fil rouge de vendredi
La journée d’hier à dégage une bel axe. Mon fil rouge le suit.
Kant à ouvert le chemin, sous le signe des Lumières et de la liberté qui lui est propre. S’affranchir, se libérer furent des verbes clé pour éloigner de soi tout ce qui nous «minore ». Occasion d’un arrêt sur un vocabulaire devenu désuet mais des plus suggestifs pour désigner des liens, habitudes, et contraintes qui freinent et étouffent les élans vers l’être homme à auquel nous aspirons. Et passer à l’action paraissait nécessaire. Les idées appellent des échanges, mais elles seraient creuses sans descendre dans l’arène ou elles se concrétisent.
Avec Albert Jacquard des jalons importants soutiennent la démarche engagée avec Kant. Dominer notre peur pour nous ouvrir à l’autre, trouver ce noyau dur du respect, de l’estime et cette conviction qui donne à penser : « l’autre est une merveille ». Ici mon bon fil rouge se prend à faire un nœuds : et si un jeu de rôle mettrait en présence un homme de Daech et un disciple de Jacquard pour voir comment ces merveilles réciproques s’y prendraient pour jeter quelques ponts d’ouverture, de dialogue pour faire quelques pas vers plus d’humanité.
Il faudrait pour cela changer de protocoles, sortir des ateliers pour retrouver la rue, ses risques et périls. .. bref ce qui nous attend. Mon fil rouge reprend un mot déjà offert au cours de la session. Qu’il sonne comme un chant dans les pires tourments, jusqu’aux plus personnels : Espérer quand même !
Je vous embrasse, toutes et tous Michel
Atelier court
Courage et intelligence, quel rapport pour vous ?….
Animation Waed et Ali.
Rappel des règles et de la spécificité de l’atelier court !
Les animateurs proposent 2 mn de silence après l’annonce de la question qui destabilise les 8 participants…
Le courage a-t-il quelque chose à voir avec l’intelligence ? Le non domine au début sans beaucoup d’arguments puis des exemples et des raisons sont données et les propos se nuancent et se complexifient : on se réfère au texte de Kant pour affirmer qu’il ne peut y avoir d’exercice de l’intelligence sans courage ! Sapere aude ! L’intelligence peut contrôler le courage et lui fixer des limites et des contours!
Ali annonce les dernières étapes
Il invite les participants qui le veulent à parler de leur ressenti : la question a surpris et il a fallu du temps pour y entrer mais tous ont apprécié avoir êté secoués et ont aimé et entendre leurs collègues et se découvrir capables de rebondir à partir de leurs propos !
Waed propose une synthèse organisée, marquant les points communs repérés et les oppositions.
Les observateurs renvoient leurs remarques : une fois de plus, l’atelier court se révèle magique !D’un tour à l’autre, chacun creuse et ouvre son esprit,en écoutant les autres ! La communication non verbale est observée aussi, ses signes repérés montrent les manifestations des émotions des participants…
Synthèse sur le thème de la session par Danièle
Quelques pistes pour avancer sur les questions posées au cours des ateliers :
– Un acte courageux est-ce l’acte de quelqu’un qui ne connaît pas la peur , ni la honte? (non, nous connaissons tous la peur et la honte et les émotions … grandir en humanité c’est gagner le pouvoir de les maîtriser ou de les exprimer selon les circonstances et selon nos valeurs)
– Est-on courageux de naissance ? (A la naissance nous avons seulement des aptitudes qui s’actualisent grâce au milieu, aux rencontres, et a la faveur de circonstances historiques si nous le voulons. « L’homme est sur terre pour s’il le veut apprendre à aimer » disait l’abbé Pierre. S’il ne le veut pas l’enfer est sur terre très vite !
– Le criminel n’est-il pas courageux lui qui ose sortir des sentiers battus, surmonter sa peur pour commettre un acte hors du commun ? ( Choisissons de ne pas appeler courage ce qui est violence, pathos, impossibilité d’accepter l’altérité de l’autre et de le respecter : dans courage citoyen il y a cœur et perspective d’un meilleur vivre ensemble…)
– L’autre est-il toujours une merveille pour nous ? Il est quelquefois une menace de mort pour nous ou nos proches, mort physique ou symbolique . Comment avoir le courage de la non-violence chaque fois que possible et sinon, apprendre à réagir pour mettre hors d’état de nuire sans vouloir d’abord le détruire celui qui détruit ?
Ce ne sont que mes pistes d’aujourd’hui et le chantier de la réflexion reste largement ouvert !
Évaluation
– Qu’avons nous appris dans le domaine méthodologique ?
On a vérifié l’intérêt de l’atelier court, qui nous permet de nous sentir progresser avec l’aide des autres, c’est magique !. Il est possible de le mettre en place en classe en mettant les autres élèves en situation d’observation active ou de synthèse.
On a pratiqué l’atelier citoyen pertinent avec les adolescents intéressés par des supports video- On a apprécié la simplification des protocoles
– Qu’avons-nous appris sur notre sujet de réflexion : le courage citoyen ?
Beaucoup de choses mais le sujet est très complexe et nous avons encore à creuser !
– Comment avons nous vécu cette session ?
-Très positivement pour tous les apports , les situations et les rencontres extraordinaires rendues possibles, notamment la chance de cheminer avec Habib Kasdaghli et d’avoir pour guide Habib Mellah
-Avec beaucoup de gratitude pour les efforts fournis par les organisateurs qui se sont dévoués avec générosité et intelligence
– Cependant un regret s’exprime : certains auraient aimé savoir dès le début le menu, les horaires et les lieux de rendez-vous le plus souvent découverts au dernier moment
Il faudrait améliorer ce point de communication et de prévision
et toujours bien repenser la priorité qui est de faire encore et encore l’expérience d’un cheminement partagé vers plus d’humanité dans une réflexion à visée philosophique à travers nos ateliers cadrés par des protocoles évolutifs …le tourisme, les photos les achats pouvant se faire avant et après !
Les stagiaires sont invités à envoyer leurs remarques à ARP-PHILO car le temps manque pour aller plus loin dans l’évaluation !
Samedi 11 novembre
Avant la visite du Bardo, réunion dans un café pour se dire notre amitié et au revoir avant le départ de Michel, J François, Claude et Danièle… et en profiter pour faire une vraie clôture !
Nous sommes dans le bruit près de la rue mais c’est mieux que rien !
L’ordre du jour est établi ensemble :
– C’est le mot ’’avenir’’ qui s’impose : Quelles sont les dates et la nature des prochaines sessions ? Quels principes retenons-nous et comment améliorer les choses ?
1- Principes sur les quels ARP-PHILO ne transigera pas :
Toute session doit prioriser strictement la pratique philosophique c’est à dire les moments d’ateliers et de réflexion sur cette pratique.
Prioriser c’est à dire choisir de mettre en place prioritairement 2 à 3 ateliers par jour : les visites touristiques, les achats et les photos se plaçant avant ou après mais ne devant jamais prendre la place des ateliers ni les écourter ni les retarder !
Notre objectif est de favoriser l’expérience de la pratique de la réflexion partagée à visée philosophique avec ses bénéfices immédiats et ses questionnements . Chacun doit pouvoir se sentir évoluer personnellement en compagnie et avec l’aide des autres vers plus de sagesse , vers plus d’humanité et déjà en toute conscience!
ARP-PHILO s’engage à établir le programme des sessions qu’on lui demande d’animer en concertation avec les amis des pays qui nous reçoivent, assez tôt pour que chaque participant soit au clair sur le sujet et le cadre avant le départ.
Il s’engage aussi à veiller à annoncer le menu journalier par affichage la veille
2- Propositions pour l’avenir en fonction de ce qui a été regretté cette fois -ci
Problème de communication :
– Une seule parole écrite pour le programme du jour avec un volontaire responsable de l’affiche ( cela s’est déjà fait dans le passé) et précision des lieux , heures de RV et tél utiles.
Correspondance avant la session :
– Waed et Ali proposent d’ouvrir un groupe fermé FACE BOOK et de faire circuler les infos utiles
– Un correspondant par pays recevra et diffusera les infos
Il faut quelqu’un de réactif par e-mail
On propose Aziz pour le Maroc, Waed pour la Tunisie ?
L’Algérie est invitée depuis plusieurs années déjà à se constituer en association mais jusqu’ici n’a pu le faire… Ce serait le moment, sinon il faudrait qu’une personne accepte la responsabilité de faire les listes de participants , de les informer et de communiquer avec ARP-PHILO !
3- Prochaines sessions
a) 13-14 janvier à Toulouse : session ARP-PHILO / ATSCAF sur le regard de l’autre-
Les places sont limitées par la taille du local et la nécessité de laisser 15 places à L’ATSCAF
Lieu = Local de l’ATSCAF 19 rue Bayard Toulouse
Ni l’hébergement ni les repas ne sont assurés, mais beaucoup de restaurants, fast food et commerces dans la rue . Une pause de 2h sera ménagée le samedi et le dimanche midi, un repas organisé le samedi soir.
Horaires samedi 9h- dimanche 18n
– Droit d’inscription 50 euros
– Date limite de confirmation d’inscription le mercredi 22 novembre avec chèque d’inscription ou engagement écrit
b) Voyage-atelier en Algérie 20 au 31 mars 2018
– Inscription 100 euros ( pour les européens)
– Date limite d’inscription pour la rive sud: 15 décembre- Inscriptions closes pour les européens
– Sujet : La pensée créative
– Chacun prend en charge son voyage jusqu’à Ghardaia et son visa.
Il doit en outre prévoir 200 euros pour hébergement, repas et transports entre Ghardaia-Laghouat- Boussaada et Tipaza à répartir entre les sites proportionnellement selon des indications qui seront données à l’arrivée.
Pas de réduction pour les étudiants, chaque pays doit faire des choix et chercher des subventions pour réduire les coûts
c) Session Poursuivre sur l’affirmation de soi à Sète en mai 2018 du 14 au 18
Au Lazaret , corniche de Neuburg donnant sur la plage !
Réservée aux seniors de Poursuivre, avec quelques invités de l’autre rive qui devront trouver leur hébergement et régler leurs repas.
Inscription pension complète de l’ordre de 450 euros, à Poursuivre si Poursuivre accepte. Autrement en auditeur libre avec contribution modique.à Poursuivre..
MERCI À GLEYA ET À SAFA POUR LA GÉNÉROSITÉ DE LEUR ACCUEIL
Danièle Dupin de Saint Cyr