CR ateliers philo janvier 2023

I- Séance du jeudi 26 au 19 rue de Bayard Bat A1, 2ème étage chez Danièle Dupin.

(Notes prises au cours de l’atelier du jeudi 26 janvier 2023 par Bernard Welcomme et communiquées à Danièle qui a parfois complété)

– Présents 5 : Danièle, Anne, Joséphine, Françoise, Bernard

Excusés : Nicole,Yasmina, Robert, Jean …

 

Rappel par Danièle du thème de la séance « le complotisme», sujet choisi par le groupe, des extraits de textes préparés ont été envoyés à ce sujet, dont les 3 tamis de Socrate, l’éléphant perçu par les aveugles (conte souffi), la grille de Porter…

 

Danièle propose de traiter successivement trois points :

– Qu’est ce que le complotisme pour nous?

– Peut-on expliquer, comprendre ce comportement particulier?

–  Que faire en face ?

 

Le complotisme tient ses principales racines

-dans l’incapacité de se faire une opinion sur ce qui est « vrai ».

-dans le développement incontrôlé d’informations contradictoires largement relayées par les « réseaux sociaux ».

 

Si chacun admet qu’il n’existe pas de « vérité absolue, intangible,… » le regard que chacun doit porter sur un sujet doit d’abord s’exercer à partir d’un doute positif, d’un regard critique : il faut développer notre « esprit critique » (l’atelier note que cela semble se développer assez heureusement au sein des établissements scolaires !)

 

En tout état de cause, chacun admet qu’il convient de lutter contre le complotisme qui n’est souvent qu’une succession d’affirmations sans preuves visant à discréditer des opinions, des faits, des politiques provenant de sphères de « sachants » et de « décideurs » imposant leur propre point de vue.

 

Reconnaissons cependant que chacun peut se tromper et qu’une « vérité » doit être analysée d’un point de vue scientifique, statistique, collectif… qu’elle renvoie à une ou des temporalité(s), des lieux et des contextes éminemment changeants.

 

Il faut travailler le débat collectif, et trouver des réponses au regard du « bien commun ».

Toute affirmation, toute parole ne se vaut pas !

 

Le débat a été « animé » parfois contradictoire, mais jugé riche par chacun des participants.

– Annonce – Prochaine réunion le jeudi 16 février 2023 à 11 heures, thème proposé : »Le regard des autres sur moi ». Les réunions à L’Escabel seront fixées au 26/2 …exceptionnellement vu la date des vacances.

 

II- Séance du samedi 28 janvier au café L’Escabel, 36 rue Gatien Arnoult, 0651982004-

 

Présents 5: Françoise, Michèle, Danièle et deux nouveaux, Myriam, et Alexandro venu du Mexique.

Accueil : Chacun exprime ses attentes, les anciens veulent continuer à s’enrichir et les nouveaux  disent leur espoir de pouvoir philosopher avec les autres et donc apprendre à mieux comprendre le monde, la vie, les autres !

 

 

Questions proposées:

1-Qui parle de « complotisme » et pourquoi ?

2- Vérité comment savoir ce qui est vrai ?Argent, pouvoir, savoir quels moteurs jouent en nous ? Pour quelles finalités ?

3-Que retenir d’essentiel pour apprendre à mieux se comporter et à grandir en humanité ?

 

1-Parler de complotisme, c’est désigner ceux qui se méfient systématiquement  du discours des institutions, soupçonnées de manipuler de façon dangereuse la politique, l’histoire, la santé, le pays !

Parler de complotisme c’est désigner une conspiration qui veut mobiliser la population contre une autorité jugée dangereuse. Pourquoi  ce sentiment négatif définitif?

Parler de complotisme c’est vouloir se protéger contre cette tendance jugée négative a priori de contrer systématiquement l’autorité ou cette autorité.

Ne pas se sentir manipulé soi-même par les complotistes, entraîné où on n’a pas choisi d’aller ! Courage pour résister après avoir compris les enjeux !

« La racine de la liberté est dans le courage » disait Péricles !

 

2- Être toujours contre n’est pas meilleur qu’être toujours et automatiquement pour !

Où est la liberté et la recherche du sens dans les automatismes ?

Personne n’a la totalité de la vérité toujours…  Trouvons des critères, des expériences, des exemples, des points de vue différents, pour éclairer notre chemin !

Il nous faut argumenter et interpréter nos points de vue, examiner les probabilités qu’une proposition soit vraie, la science, la médecine, les groupes d’experts honnêtes, de confiance,  peuvent nous aider. Même si nous pouvons nous tromper, et qu’ils puissent se tromper, c’est humain … et le reconnaître est un plus !

 

3- Toutes les paroles ne se valent pas, même les nôtres ! La majorité n’a pas toujours raison…

Nous avons l’exemple aussi de l’histoire des sciences qui nous montre des renversements  d’évidences.

Nous sommes sûrs qu’il y a tromperie et manipulation lorsqu’un intérêt nous apparaît avoir motivé le trompeur !

Chacun peut faire l’expérience du doute « hygiénique » positif pour y voir clair !

L’esprit critique et la créativité sont à stimuler ! La vie est à ce prix ! Le souci du bien commun et d’un vivre ensemble harmonieux se construit !

Sans quoi nous serions transformés en moutons ou en robots ou en perroquets : pas en homme …

 

Séance passionnante par la participation active  de tous, nos amis anciens et nouveaux sont enthousiastes , ils reviendront, et ils sont  intéressés par le prochain sujet : Le regard de l’autre sur nous !

 

Prochaines réunions à L’Escabel le samedi 25 : Philo 14h30, puis 16h une demie heure d’échanges sur la poésie qu’on aime et qui nous parle , pour ceux qui en veulent encore!

Danièle Dupin

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2020 le retour d’ARP-PHILO!

ARP-PHILO reprend ses activités après une interruption de 3 mois à Toulouse centre.
Les ateliers du Centre Jean Rieux à Toulouse se sont poursuivis avec Danielle Trabet, Jacqueline Dussolin et JF Alleman
Ceux du Lot n’ont jamais été interrompus avec Nicole Talleux

Programme succinct sur Toulouse centre:
– Ateliers philo le 3ème jeudi du moi avec 2 groupes, à la Résidence Sénior de La Pujade 3 réunions déjà (Dire Non?- Réagir à l’injustice?- Vivre ensemble en communauté?)
– Atelier philo au café l’ESCABEL , 2 réunions déjà ( L’écoute- Le respect)
Les comptes rendus seront publiés prochainement.
Danièle Dupin

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initiatives en 2018, 1er semestre

Beaucoup de sessions cette année…
A Toulouse en janvier un WE de pratique et de formation à L’animation d’ateliers philo
En Algérie en Mars, un voyage atelier sur la pensée créative qui s’est déroulé de Ghardaia à Tipaza en passant par Laghouat et Boussaada!
Au Maroc en avril une session qui s’est concentrée sur la médiation élèves, et le GAP à visée philosophique mais nous a permis de constater la vitalité des ateliers philo enfants et de l’engagement des jeunes professeurs de philosophie!
A Sète ce mois de mai : une session sénior avec le Mouvement Poursuivre sur l’affirmation de soi!
avec la participation du Dr Malika Bendouda de Tipaza!
Journaux de bord disponibles ainsi qu’outils et textes supports
Que du bonheur et des rencontres formidables!

Danièle DUPIN

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Voyage atelier en Tunisie

Tunis Novembre 2017
Journal du voyage-atelier philosophique

Dimanche 5 novembre
Nous débarquons à 20 heures venant de Toulouse, avec 40mn de retard à l’aéroport de Carthage.
Dans l’avion nous repérons Chantal M. et nous retrouvons aux formalités de douane.
Faouzi et Safa nous attendent dans le grand hall.
Faouzi a tenu à venir nous saluer prévenu par Sarah depuis Toulouse de nos jours et heures d’arrivée.
Il raccompagne Chantal à l’hôtel Naplouse au centre ville où le plus gros de la troupe est logé très confortablement. Safa nous ramène au 48 avenue de Casa où nous sommes hébergés, Claude, Michel et moi chez les Maatallah !
Le bus de l’Université est en réparation, ce qui va grever le budget : les organisateurs sont contraints de prendre deux minibus de ‘’louage’’ pour les transports du groupe et de compléter par les voitures individuelles de Safa et autres ! Chacun paiera 130 euros et on verra si on arrive à boucler le budget !!!
Au besoin on mettra un chapeau pour compléter !
Oussama nous a fait un gros plat de pâtes agrémentées et bien épicées au piment comme de juste dans le pays, pas trop quand même pensant à nos palais peu habitués à ces saveurs piquantes !
Nous nous enquerrons des évolutions du programme et sommes tout de suite plongés dans un autre monde :
Gleya a tracé avec Kristou un planning à grands traits évolutifs laissant la place à des interventions possibles et souhaitées de notre part !
Tout va bien, inutile de s’énerver au nom du PLAN, des objectifs et des anticipations !!! CONFIANCE et COOPÉRATION !
Donc demain nous nous rendrons à Bizerte dans l’école privée où exerce Amani notre jeune amie convaincue du bien fondé des ateliers philo et qui les pratique depuis 2ans !
Il semble qu’elle ait prévu d’animer un atelier « documenté » à partir de la fable de La Fontaine ‘’Le laboureur et ses enfants’’
Ce texte me paraît un peu trop ‘’transmissif’’, la morale est massive et fait peu de place à la critique, mais soit ! On pourra toujours questionner et titiller l’esprit critique des enfants une fois qu’ils auront compris le message !!!
J’insiste (puisque ce sera notre première journée de session dédiée au courage citoyen) pour qu’on fasse un atelier court sur le courage que j’animerai dans une classe, Claude faisant de même dans l’autre, je la brieffe et c’est d’accord !
Gleya n’est pas très sûre que les petits seront capables de réfléchir sur le courage citoyen mais elle nous laissera faire et Ameni aussi !
On me dit que l’après midi des enseignants invités seront réunis pour entendre informations et présentation ayant le désir de pouvoir se lancer dès que possible dans l’aventure avec l’aide de l’AMPC !
Cela signifie qu’il me faut préparer une intervention les mettant dans le bain d’un atelier très vite !
Donc il nous faudra un lieu avec des chaises et un mur blanc, prévoir une heure correcte pour la réunion, après le repas qu’on prendra (à 20!)chez Améni, la possibilité de caser tout ce monde ( 35 personnes), et de quoi projeter des vidéos ! Nous le reprécisons !

Je rumine pendant la nuit les modalités du lendemain… Comment assurer l’essentiel au mieux : convaincre par l’expérience et la pratique (et la réflexion sur la pratique, de ce qui est possible et éminemment souhaitable , et enthousiasmant !)

Lundi 6 novembre
Réveil à 7h pour être à 10h à Bizerte après avoir pris le reste de la troupe à l’hôtel Naplouse sans se laisser bloquer dans les bouchons ! Sportif !
Nous poireautons en piaffant à tous les coins de rue…
J’ai horreur d’être en retard et cela ne loupe pas nous arrivons à l’école d’Ameni à 10 h et demi au lieu de 10h!
Les documents ont été distribués, le texte lu silencieusement dans les 2 classes où se sont répartis les adultes du groupe, c’est à dire nos 6 amis marocains, nos 3 amis algériens et la vingtaine de tunisiens recrutés par Rifaat sur place : 6 inspecteurs dont 3 de français, et des enseignants.

Le Laboureur et ses Enfants
Jean de La Fontaine
Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût.
Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.
Jean de La Fontaine

Les enfants sont invités à dire ce qu’ils retiennent de leur lecture et quelles sont les questions qu’ils se posent. Ils ont bien compris et s’expriment volontiers.
« Le travail est un trésor, c’est nécessaire pour vivre. Est-ce bien de ruser et de mentir quand on est parent?… »
La question du travail -trésor est retenue et les règles ayant été expliquées , commentées avec les enfants, le débat peut commencer.
Idées avancées : sans travail, pas de vie possible, pas d’argent, pas de but à atteindre comme d’obtenir un métier, des légumes, la santé ! Exemple du travail de l’ingénieur, du médecin et de l’agriculteur.
Le trésor ce n’est pas seulement l’argent ou la réussite ce peut être aussi les compétences acquises pour œuvrer au mieux vivre ensemble… le travail ce n’est pas seulement celui que nous ferons comme adulte, le métier, mais c’est aussi le travail que nous faisons dès maintenant à l’école !
Que retenons-nous de cette séance ?
Le travail est un vrai trésor sans le quel il n’est pas de vie possible, Le trésor ce n’est pas seulement l’argent . Le travail c’est déjà à l’école.
J’ai été content de mélanger mes pensées à celles des autres et de vous revoir après deux ans !!!
Remarques
Les enfants se sont exprimés en français avec quelquefois des difficultés dépassées grâce à l’accueil de leur parole et à l’autorisation donnée de dire en arabe ce qu’on ne pouvait exprimer en français !
Cette séance est une formidable occasion de parler une langue pour de vrai et pas comme un exercice scolaire !

Deuxième atelier
Atelier court : Vous avez tous eu l’occasion de vivre ou de voir un acte de courage. Pouvez-vous essayer de préciser ce que c’est que le courage pour vous…
Qu’est-ce que le courage pour vous ?

En 3 tours sans être interrompu, sans être trop long, en parlant librement et avec la possibilité de se tromper et de revenir sur ce qu’on a affirmé après avoir entendu les autres, avec la possibilité de passer son tour si on n’est pas prêt…
Animation en 2 groupes : Claude Dejean- Danièle Dupin
idées émises :
« Le courage c’est ne pas avoir peur, c’est dire la vérité, c’est oser faire quelque chose de bien même si les autres nous regardent de travers, c’est ne pas avoir honte… ça s’apprend d’avoir confiance en soi, ça permet de gagner le respect des autres et de soi !
On a aimé écouter les autres, essayer de les comprendre, c’était agréable !

Repas à 20 chez Améni : Couscous tunisien délicieux ! Toute la famille s’y est mise. Accueil très chaleureux !

Après midi 14h30
Dans le bureau de l’inspectrice…

– Présentation vidéo de l’interview d’Edwige Chirouter à l’occasion de l’ouverture de la Chaire Unesco de philosophie avec les enfants. Discussion sur les enjeux
– Présentation de la petite vidéo de Michel Tozzi à l’occasion des ateliers présentés lors de la journée de la philosophie à l’Unesco Paris en 2014

Les participants notent que les petits parisiens de Michel Tozzi manifestent le même enthousiasme et avec quasiment les mêmes mots que les élèves d’Améni le matin!
Visionnement en atelier-café citoyen ( en grand groupe entre adultes) du film d’Alain Guyard ( La philo vagabonde) , un philosophe intervient dans une prison ! (Voir enregistrement ou You Tube)

On retient l’idée que pour Guyard, c’est l ‘’acte philosophique’’par excellence, celui de la volonté d’une rencontre réelle, physique des personnes incarcérées considérées de fait dans leur dignité d’êtres humains – Paroles de détenus : La prison peut être un espace de méditation, « On y a tout son temps ! »- Qui est en prison ?
– Le droit à l’erreur revendiqué pour les enfants y trouve une extension logique : personne n’est enfermé dans l’erreur qu’il a commise…

Le choix courageux de Socrate est estimable même si ce n’est pas le seul possible, Antigone a choisi celui de la transgression au nom d’une autre valeur. Socrate affirme avec force qu’il préfère subir l’injustice plutôt que de la commettre ! ‘’L’homme est celui qui s’empêche ‘’: il doit être maître chez lui pas se laisser emporter par ses pulsions !
L’assistance est intéressée par le sujet et par ce type d’atelier qui permet de travailler avec un grand groupe !
Question posée  par une enseignante qui vient pour la première fois : « Quelle faisabilité pour ces ateliers dans le contexte tunisien ? »
Nous répondons qu’il y a des témoignages de mise en œuvre dans des situations comparables en Algérie et au Maroc et même déjà en Tunisie avec l’AMPC… Les collègues confirment avec force

Mardi 7 novembre
Nous avons RV à 10h au local des Femmes Démocrates et sommes reçues par Mme Hakimi qui nous explique le rôle et le chemin suivi par ce groupe pendant la révolution de jasmin mais aussi avant et depuis…
Elles engagent des campagnes en 91 contre les violences faites aux femmes : « La violence est une malédiction mais le silence est pire  », mettent en place 5 centres d’écoute en Tunisie, rédigent et font connaître la constitution virtuelle de la Tunisie qu’elles font parvenir aux élus chargés de rédiger la véritable constitution de la Tunisie ! Mènent campagne aujourd’hui contre l’instrumentalisation du corps de la femme dans la publicité…
Des questions sont posées par le groupe sur le sens de ce combat qui est aussi une lutte contre nos préjugés ceux des hommes et ceux des femmes…

Michel déroule ensuite son fil rouge sur la journée d’hier et nous renvoie
l’image d’un groupe qui avance un peu dans le brouillard et les bouchons, à la recherche de clartés et de notes d’optimisme trouvées dans les implications des enfants et de leur enseignante remarquables d’authenticité et de fraîcheur et dans le voyage en prison entrepris avec Alain Guyard présentant Socrate qui préfère subir l’injustice plutôt que la commettre !

Fil rouge du mardi
Il prend d’abord la fonction de Fil d’Ariane. Le trajet Tunis -Bizerte ou plus justement jusqu’aux point de rendez-vous avec tout notre groupe prit l’allure d’u rallye à énigmes assez excitant, sauf pour les fanas de la stricte exactitude. Ariane prendra au finish la couleur rouge de la voiture de Kristou que nous suivons pour nous conduire, après d’ultimes vicissitudes, à bon port.
Les plus perspicaces en conviendront, l’événement est à prendre comme le symbole de ce que nous avons à vivre. Pour la circonstance je le formulerait librement ainsi : se débrouiller par soi-même avec l’aide des autres !
Et voilà donc un premier pas offert pour vivre ce beau rêve .
Après l’accueil chaleureux des amis retrouvés, du Maroc d’Algérie et d’ici, notre groupe entoure dans deux salles de classe deux dizaines d’enfants, propretés, cravates, volontaires heureux pour faire ateliers l’un bien documenté par Jean de la Fontaine nous menant au chevet d’un riche laboureur en train de trépasser, l’autre atelier court sur un sujet tout brut lancé comme un défi à ces jeunes personnes : le courage !
Ce fut un vrai régal de voir tous ces petits, œil vif, parole libre, déployée même au-delà des mots quand ils ne venaient pas pour dire ce qu’on sent, qu’on pense, qu’on estime. Silences imposes par manque de pratique n’ont à rien a voir avec de froids mutismes. Ils ont leur éloquence et elle est perceptible pour qui sait écouter avec les yeux et perçoit que le temps propre a une éclosion fera naître les mots qui manquent aujourd’hui, bientôt, un peu plus tard … avec l’aide des autres.
D’ailleurs (mon fil rouge me guide), il fallait voir aussi l’air des observateurs. Leurs regards éclairés par celui des enfants, eux aussi attentifs, poussés par le désir d’avancer vers plus de découverte de choses qu’ils savaient – peut-être – mais ici éclairées du bel esprit d’enfance qui rajeunit l‘esprit, rend curieux et plus simple, toujours prêt à trouver au futur des couleurs d’espérance.
Cet esprit de jeunesse nous l’avons retrouvé chez ceux que la prison privait de liberté. Sauf – ils en témoignaient – que celle de l’esprit, du cœur, de la pensée, leur était conservée et même stimulée. Victoire remarquable d’hommes demeures hommes malgré l’adversité.
Le rouge de mon fil prend ici un éclat que n’éteindra jamais aucune obscurité.
Et voilà mon fil rouge prend forme d’épuisette pour recueillir des fruits bien lavés par la pluie, au bout de nos rencontres.
D’abord une méthode bien rodée par l’usage mais toujours a reprendre et a perfectionner. Elle vaut pour des enfants elle vaut pour des adultes. Sa pratique demande l’écoute et le respect, une attention active, du courage … La clé de voûte de nos travaux !
Ensuite la révélation que des chemins se tracent vers plus d’humanité quand des enfants découvrent à propos du travail que l’argent n’est pas son but unique car Il permet aussi de rendre utile et de rendre service. Il rend heureux. Quant au courage, après un temps de réflexion qui nous montrait combien partir de concepts secs était fort difficile, il est après des tâtonnements influences par la fable du laboureur en fin de vie, il est perçu comme courage de dire la vérité, de vaincre la timidité, de vaincre la peur …
Et la leçon encore reçue des prisonniers enseignée par Socrate. N’était-elle pas (pardonne-moi Socrate) du même tonneau ? Leur satisfaction de réfléchir plus et mieux qu’ils n’auraient pu l’espérer en liberté, les bénéfices de l’écoute mutuelle capable d’accueillir des points de vue contraires … sur fond de respect et de tolérance … mon épuisette recueille là des pierres bien précieuses.
Bref un trésor de valeurs à partager, à développer, courageusement, à la table de nos convivialités citoyennes.

Claire-Marie accepte d’animer l’atelier documenté allégé pour le quel nous avons un synthétiseur Gléya, et des observateurs.
Le texte proposé est Le courage citoyen de Manuel Cervera Marzal.

Atelier documenté, texte de départ :
La question des modalités de la subjectivation politique – comment produire de la citoyenneté ? – invite à réinvestir la notion de courage, entendu comme ce qui fait passer un individu de l’intelligence d’un problème à la volonté de le résoudre. Le sujet politique fait preuve de courage en sortant des coulisses pour venir s’exposer sur la scène politique. Mais, cette définition générale étant admise, force est de constater que la notion n’est pas monolithique. En effet, la modernité politique, tant au niveau de la pratique que des idées, nous permet de dresser une typologie tripartite des différentes formes de courage : le courage de la vérité (cf Foucaultle courage de dire le vrai dans un monde de mensonges et de « faire de sa vie un témoignage de vérité » ); le courage de la liberté, qu’à l’instar d’Arendt nous nommerons héroïsme – L’héroïsme est le courage de préférer la mort à la servitude au sens où, comme le disait le révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata, « mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux ! »; et le courage de la non-violence, cf Gandhi le courage de « combattre le mal tout en refusant d’imiter sa violence ».
Les mots ont une importance, jusque dans leur dernière syllabe. Aborder la question du sujet politique par l’angle de la subjectivation plutôt que par celui de la subjectivité n’est pas anodin. La notion de subjectivation implique de penser le sujet comme un processus, une progression, une réalisation toujours en cours, et non un donné, un statut, un état déjà atteint et achevé. Le sujet politique est en construction permanente. Le citoyen n’est pas un produit dont on pourrait constater l’existence mais un projet qu’il s’agit justement de produire.

Lecture en est faite à voix haute, certains passages sont lus deux fois car le texte est dense !
L’assistance se déclare intéressée par les distinctions faites sur les formes de courage et se pose des questions sur la ‘’vertu’’ de courage, et sur son rapport avec la citoyenneté.
Le courage est-il inné ou acquis, peut-il s’éduquer, se développer ? Peut-il n’être qu’individuel et centré sur soi ? Y a-t-il un courage du criminel ?
Se remettre en question, oser pardonner sortir des sentiers battus n’est-ce pas cela le courage.Peut-il y avoir du courage sans action ? Sans réflexion ? Tout oser est-ce courage ou folie ? Peut-on appeler courage n’importe quelle audace, toute action suicidaire, toute entreprise ne visant pas une valeur supérieure, l’amour des autres et bafouant leur vie et leur dignité ? Dans courage il y a cœur, vie et pas mort, même si le risque est associé à la notion !
La séance se termine par un dernier tour de parole, chacun donne sa conclusion provisoire et son ressenti.
Les observateurs nous renvoient les signes repérés d’une bonne écoute et de l’évolution de la pensée du groupe par petites touches, des signes aussi des conquêtes méthodologiques et du bienfait des protocoles qui cadrent et permettent l’expression !
Nous partons déjeuner et l’après midi est libéré pour permettre de visiter la librairie El Kitab sur l’avenue Bourguiba et de parcourir les ruelles de la Médina
Les hôtes de Gleya rentrent préparer la journée consacrée au départ de Habib à la Manouba !

Mercredi 8 novembre
-Accueil par Mme la Vice Doyenne
– Présentation de la journée et de la circonstance par Gleya pour l’AMPC
– Mot de Habib Mellah , témoin des évènements du ‘’Manoubistan’’
– Présentation rapide de l’engagement d’ARP-PHILO par Danièle :
Monsieur le Doyen, mon cher Habib
Nous sommes venus nombreux et de loin, nous tous de l’association ARP-PHILO pour vous fêter et célébrer avec vous, l’amitié et le courage.
Merci de nous en donner l’occasion et la substance !
Voici des années que fidèlement vous nous accompagnez et encouragez dans notre entreprise de libération de la pensée dans ce combat pour l’avènement de plus d’humanité dans le monde que nous menons avec nos amis de l’AMPC.
Nous avons commencé par notre lieu de vie, le bassin méditerranéen où la Tunisie joue historiquement et géographiquement un rôle de premier plan , nous avons commencé un travail dans cette Université dont les libertés vous sont chères et ne sont hélas jamais totalement acquises, il faut de l’opiniâtreté pour sans cesse nous appliquer à les exercer dans la tourmente comme dans la paix.
Maintenir le cap de la liberté de penser dans le calme et la bienveillance, c’est tout un programme jamais fini !
Mon ami Michel Dagras va nous aider à lancer ou relancer la réflexion sur le sujet du courage citoyen par un exposé qui sera suivi d’un débat.
Encore merci à vous cher Habib d’être là avec nous, pour nous accueillir et nous accompagner dans cette grande entreprise !

– Exposé conférence de Michel Dagras sur le thème du courage.

Monsieur le Doyen
C’est un honneur pour moi de vous saluer avec ces quelques mots, inspirés pour une part par les échanges et les réflexions qui nourrissent depuis lundi notre session sur le courage citoyen.
Un penseur du siècle précédent a dit du courage qu’il était la vertu du commencement1. Comment le comprendre ? Imaginons l’état d’esprit d’un parachutiste au moment où il se lance pour la première fois dans le vide. Son courage c’est alors sa décision libre de faire un pas hors de l’avion. Il a peur mais surmonte sa peur du vide et l’appréhension de voir son parachute mal s’ouvrir ou pas du tout. Une fois dehors, plus de choix ! mais la nécessaire gestion d’une situation irréversible, sa descente jusqu’au sol. Même problème pour un plongeur. Se jeter à l’eau, surtout si elle est froide, demande un courage ponctuel. Il lui faut ensuite seulement nager … à moins qu’il ne s’agisse de sauver quelqu’un en train de boire la tasse ! Le courage initial se prolonge alors en risque se noyer, entraîné par celui qu’il cherche à sauver sauver. Le courage passe ainsi du comportement ponctuel à la posture durable. Le héros exceptionnel cède la place au citoyens quelconque. Le courage quitte les atours du spectaculaire pour se vêtir d’endurance, d’humilité, de fidélité. Et le voici d’autant plus méritoire que viennent avec le temps la lassitude et les désillusions, la tentation de l’abandon, de baisser les bras, de rentrer dans les rangs du convenu, du repli sur soi, de l’indifférence… Souvent ces deux courages, le ponctuel et le continu, se conjuguent. Ainsi celui de la mère de famille, quotidien par nature, connaît-il parfois l’exceptionnel de dévouements sublimes. Ces courages distincts le sont encore dès que l’on considère leurs champs d’application. Ici la liste est longue et nos premiers échanges au cours de la session ont permis d’évoquer le courage de dire la vérité, de reconnaître ses torts et ses limites, de travailler, de durer dans les engagements, de surmonter les adversités … et pourquoi ne pas tout simplement parler du courage de se lever, de se laver, de ne pas se laisser aller … Un grand manteau d’Arlequin se déploie très vite sur les épaules de celles et de ceux qui consentent sans le savoir d’être prosaïquement courageux .
Ce préambule descriptif demande plus et plus profond. Il appelle en effet à réféchir si peu que ce soit, à la nature même du courage … Non par simple curiosité intellectuelle mais pour chercher à reconnaître comment cette vertu nous concerne, qui que nous soyons, quelles que soient nos sociétés et nos cultures.
Tout acte de courage nous fait courir un risque hors des sentiers battus.
Il faut prendre sur soi pour sortir de soi-même, affronter la critique du politiquement correct, soulever le couvercle de la pression sociale, fissurer les écrans des contre-vérités, troubler des égoïsmes, éveiller les consciences contre les dogmatismes, questionner, dialoguer, servir l’esprit critique et non pas la violence, accepter s’il le faut soi-même de changer mais en sachant pourquoi et nous y reviendrons
Les réactions à ces courages qui dérangent sont connues. Elles viennent de résistances et d’agressivités motivées par la peur de remises en question, de refus du débat, du recours au combat sous la loi du plus fort avec ces armes lâches que sont la calomnie, les menaces et jusque aux voies de fait.
Mais ces sorties de soi pour courir l’aventure de risques et périls parfois considérables demandent des raisons.
C’est là me semble-t-il que se tient l’essentiel. Lutter ne se suffit pas à lui-même. Un pourquoi en un mot mais aussi en deux mots motive le combat, l’éclaire et le soutient. Une conviction forte anime le courage, entraîne hors de soi-même, jusqu’à rendre capable de risquer de sa vie, s’il le faut. Ce fut le courage d’Antigone bravant la loi inique qui lui interdisait d’inhumer son frère. Ce fut le courage de Socrate préférant subir l’injustice que la commettre et celui de tant d’hommes et de femmes des origines de l’Histoire jusqu’à nous. Ce courage-là nous le célébrons aujourd’hui. Il repose sur un certain sens de l’homme, de sa dignité personnelle, de sa liberté de conscience, du respect de la diversité sociale et culturelle, autant de fondements d’une égalité et d’une solidarité citoyennes.
Alors le courage prend forme collective pour nous donner la force de ne pas hurler avec les loups, de servir la vérité mais sans perdre de vue le service du bien vivre-ensemble. Courage de celles et de ceux qui s’attachent à la justice plutôt qu’à l’écoute des sirènes de la magouille et de la corruption, des égo¤ismes et des communautarismes.
Vient aussi le jour où sonne l’heure d’un courage spécifique, celui de décider, sa mission replie, de lâcher prise. Mais s’agit-il alors d’un abandon ou d’un passage de relais ? Le coureur qui parvient au bout de sa course s’applique a transmettre le témoin à celui qui l’attend et commence à se lancer à son tour, le relais pris et solidement tenu jusqu’au suivant passage. Le relais ? On l’appelle le témoin. Et si notre rencontre aujourd’hui était à vivre comme passage d’un témoin à tenir et à transmettre à notre tour dans nos environnements humains et sociaux respectifs. De toutes façons le courage perdure ailleurs, sous d’autres formes, persuadés que, selon le mot de Victor Hugo, l’égoïsme social est un commencement de sépulcre2 ?
Habib merci, merci de tout cœur pour l’invitation au courage que nous adresse votre témoignage de citoyen, d’intellectuel, de passionné par l’universel, cette qualité par définition spécifique de toute Université digne de ce nom.
Cœur et courage ont même racine. Au nom de tous les amis qui débarquent du Nord, choukran cher Habib et bon courage, toujours.

Pause
– Débat animé par Abdelaziz en café citoyen à partir de l’exposé de Michel. Nombreuses questions soulevées :
Comment éduquer à la citoyenneté ? Le courage du silence ? Le courage est-ce n’avoir jamais peur ? Pour quoi et pourquoi…

– Atelier documenté à partir d’un texte de Habib Kazdaghli recueilli par Habib Mellah et débat sur l’école de la république : Comment faire en sorte qu’elle reste un lieu de savoir ouvert préservé des pressions des fondamentalistes ou des marchands.

Repas
Après midi : Visionnement du film des évènements de la Manouba et témoignages

https://www.youtube.com/watch?

Jeudi 9 novembre

Fil rouge de Jeudi
La draille du courage.
La draille désigne un faisceau de petits sentiers traces par des moutons en marche vers une pâture. Ils sont tous différents mais convergent en même temps vers le même but,
Ainsi nos échanges et nos réflexions. Multiples sentiers tracés en fonction des sensibilités, des expériences et des idées, stimulées par celles des autres. Mais une direction commune, un axe de marché profond, évoque hier par Habib quand il évoquait son POUR QUOI et son POUR QUOI avec ses mots à lui : être à la hauteur de sa Mission, en conformité avec un certain sens de l’homme.
La saga d’hier à été remarquable à plusieurs égards.
Les séquences témoignages ont drainé des contenus intéressants et laissé place à des ateliers instructifs. L’essentiel de leurs contenus sera présenté dans la synthèse qui suivra ce fil rouge.
Une page impressionnante de l’Histoire de la Tunisie à été ouverte devant nous, présentée par ceux-là même qui l’ont écrite. Avec un courage exemplaire animé par une motivation forgée par des années de formation initiale et d’engagements civiques de haute tenue.
Nous étions quelque peu subjugués, rejoints et stimulés dans nos propres expériences, peut-être moins risquées mais fondées sur les mêmes valeurs. Nous touchions au noyau dur de la session dans sa méthode et dans ses contenus. Dans sa méthode car le Doyen sortant n’a cessé de battre les cartes de la participation dans la défense des valeurs humaines, de la vérité et de la justice et du respect d’autrui, jusque dans les situations qui imposaient le recours obligé au rapport de force.
Devant les fragilités du futur, l’inconnu des prises de position de collègues. … nous ne pouvons que nous accrocher à un « Espérer quand même ». . Capable de fonder les courages à venir avec une confiance à toute épreuve.
Mais mon fil rouge me conduit surtout à relever ce que j’appellerais l’épaisseur humaine de la journée. Nous avons en effet perçu la grande amitié des compagnons de route de Habib. Et tous avons joint de tout cœur la nôtre à la leur. Leur admiration pour le comportement de cet homme n’hésitant pas à risquer sa vie au nom de son devoir et de ses convictions , nous a aussi fortement touchés. Ce fut parfois pathétique jusque dans l’émotion ô combien perceptible au cours de témoignages d’amis et de collègues qui partagèrent, fût-ce parfois de loin, l’aventure passée et toujours actuelle, nous l’avons bien senti, à la Manouba.
Au creux de l’épuisette en bout de mon fil rouge je cueille ce trésor admirable et fragile. Il est un talisman pour guider notre draille, aujourd’hui et demain, chaque jour, aux heures du courage.

Régulation
On s’était demandé quel était le rapport entre la peur et la non citoyenneté.
Le courageux , est-ce quelqu’un qui n’a aucune émotion ni peur ni honte ?
Habib nous a dit que lui ne s’y est pas attardé, emporté par l’urgence du devoir, l’exigence d’agir en conformité avec son moi profond l’emportant vers l’action la plus adéquate dans l’intérêt du bien commun.
En ce sens le criminel ou le bras aveugle de Daesh n’est pas courageux mais fou, cupide, téméraire ou suicidaire… son acte est amputé de la dimension humaine nécessairement liée au courage.
L’inné c’est la simple aptitude qui doit être actualisée grâce au contexte et
à la volonté de tout faire pour devenir plus humain… l’humanité est en puissance, à chacun d’y grandir s’il veut !!!

Atelier court : Qu’est-ce qui nous empêche d’être courageux ?

Ce qui nous empêche d’être courageux c’est la priorité accordée à la survie animale ou à l’égoisme.. la non confiance en ses capacités de dépassement…le découragement devant l’ampleur et la durée de la tâche…

Atelier documenté : Sapere aude texte de Kant extrait de « Qu’est-ce que les lumières ? »
Les lumières, c’est pour l’homme sortir d’une minorité qui n’est imputable qu’à lui. La minorité, c’est l’incapacité de se servir de son entendement sans la tutelle d’un autre. C’est à lui seul qu’est imputable cette minorité dès lors qu’elle ne procède pas du manque d’entendement, mais du manque de résolution et de courage nécessaires pour se servir de son entendement sans la tutelle d’autrui. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement : telle est donc la devise des Lumières.
    La paresse et la lâcheté sont causes qu’une si grande partie des hommes affranchis depuis longtemps par la nature de toute tutelle étrangère, se plaisent cependant à rester leur vie durant des mineurs ; et c’est pour cette raison qu’il est si aisé à d’autre de s’instituer leurs tuteurs. Il est si commode d’être mineur. Si j’ai un livre qui a de l’entendement pour moi , un directeur spirituel qui a de la conscience pour moi, un médecin qui pour moi décide de mon régime etc., je n’ai pas besoin de faire des efforts moi-même. Je ne suis point obligé de réfléchir, si payer suffit ; et d’autres se chargeront pour moi l’ennuyeuse besogne. […]
    Il est donc difficile pour tout homme pris individuellement de se dégager de cette minorité devenue comme une seconde nature. Il s’y est même attaché et il est alors réellement incapable de se servir de son entendement parce qu’on ne le laissa jamais en fait l’essai. Préceptes et formules, ces instruments mécaniques destinés à l’usage raisonnable ou plutôt au mauvais usage de ses dons naturels, sont les entraves de cet état de minorité qui se perpétue.
    Mais qui les rejetterait ne ferait cependant qu’un saut mal assuré au-dessus du fossé même plus étroit, car il n’a pas l’habitude d’une telle liberté de mouvement. Aussi sont-ils peu nombreux ceux qui ont réussi, en exerçant eux-mêmes leur esprit, à se dégager de cette minorité tout en ayant cependant une démarche assurée.
    Qu’un public en revanche s’éclaire lui-même est davantage possible ; c’est même, si seulement on lui en laisse la liberté, pratiquement inévitable. Car, alors, il se trouvera toujours quelques hommes pensant par eux-mêmes, y compris parmi les tuteurs officiels du plus grand nombre, qui, après voir rejeté eux-mêmes le joug de la minorité, rependront l’esprit d’une estimation raisonnable de sa propre valeur et de la vocation de chaque homme a penser par lui-même. […]
    Mais ces Lumières n’exigent rien d’autre que la liberté et même la plus inoffensive de toutes les libertés, c’est-à-dire celle de faire un usage public de sa raison dans tous les domaines. Emmanuel Kant, Qu’est ce que les lumières ? 1784, Trad. J. Mondot, université de Saint-Étienne, 1991

Café citoyen préparé par Jean François Alleman à partir du film de Jacquard :Rencontres.
Animation : Faouaz avec Aziz comme gardien du temps et Waed et Ali pour la synthèse.
La libération de la tutelle de l’autre est-elle utile, pour quoi?
On est dans un processus de libération jamais dans la liberté totale, chacun est membre d’une communauté, inscrite dans une culture. Prendre conscience de ses conditionnements est nécessaire mais difficile et nécessite un travail sur soi !

Vendredi 10 novembre

Visite du Musée National Militaire , du palais de la Manouba et de la Zaouia de Sayda Manoubia au cœur du quartier .
Les officiers qui nous reçoivent sont fiers de nous présenter les œuvres de peintres et les maquettes des batailles d’Hannibal, un génie militaire !
Habib Mellakh nous sert de guide pour la Zaouia et nous explique ces pages de l’Histoire Tunisienne : la ferveur populaire envers cette ‘’sainte’’ à qui sont attribués des pouvoirs de baraka, ce qui ne convient pas aux salafistes !

Repas au restaurant du campus universitaire
Puis dans la salle de réception en face du bureau du doyen, réunion de clôture de la session. Michel déroule son dernier fil rouge
Fil rouge de vendredi
La journée d’hier à dégage une bel axe. Mon fil rouge le suit.
Kant à ouvert le chemin, sous le signe des Lumières et de la liberté qui lui est propre. S’affranchir, se libérer furent des verbes clé pour éloigner de soi tout ce qui nous «minore ». Occasion d’un arrêt sur un vocabulaire devenu désuet mais des plus suggestifs pour désigner des liens, habitudes, et contraintes qui freinent et étouffent les élans vers l’être homme à auquel nous aspirons. Et passer à l’action paraissait nécessaire. Les idées appellent des échanges, mais elles seraient creuses sans descendre dans l’arène ou elles se concrétisent.
Avec Albert Jacquard des jalons importants soutiennent la démarche engagée avec Kant. Dominer notre peur pour nous ouvrir à l’autre, trouver ce noyau dur du respect, de l’estime et cette conviction qui donne à penser : « l’autre est une merveille ». Ici mon bon fil rouge se prend à faire un nœuds : et si un jeu de rôle mettrait en présence un homme de Daech et un disciple de Jacquard pour voir comment ces merveilles réciproques s’y prendraient pour jeter quelques ponts d’ouverture, de dialogue pour faire quelques pas vers plus d’humanité.
Il faudrait pour cela changer de protocoles, sortir des ateliers pour retrouver la rue, ses risques et périls. .. bref ce qui nous attend. Mon fil rouge reprend un mot déjà offert au cours de la session. Qu’il sonne comme un chant dans les pires tourments, jusqu’aux plus personnels : Espérer quand même !
Je vous embrasse, toutes et tous Michel

Atelier court
Courage et intelligence, quel rapport pour vous ?….

Animation Waed et Ali.
Rappel des règles et de la spécificité de l’atelier court !
Les animateurs proposent 2 mn de silence après l’annonce de la question qui destabilise les 8 participants…
Le courage a-t-il quelque chose à voir avec l’intelligence ? Le non domine au début sans beaucoup d’arguments puis des exemples et des raisons sont données et les propos se nuancent et se complexifient : on se réfère au texte de Kant pour affirmer qu’il ne peut y avoir d’exercice de l’intelligence sans courage ! Sapere aude ! L’intelligence peut contrôler le courage et lui fixer des limites  et des contours!
Ali annonce les dernières étapes
Il invite les participants qui le veulent à parler de leur ressenti : la question a surpris et il a fallu du temps pour y entrer mais tous ont apprécié avoir êté secoués et ont aimé et entendre leurs collègues et se découvrir capables de rebondir à partir de leurs propos !
Waed propose une synthèse organisée, marquant les points communs repérés et les oppositions.
Les observateurs renvoient leurs remarques : une fois de plus, l’atelier court se révèle magique !D’un tour à l’autre, chacun creuse et ouvre son esprit,en écoutant les autres ! La communication non verbale est observée aussi, ses signes repérés montrent les manifestations des émotions des participants…

Synthèse sur le thème de la session par Danièle
Quelques pistes pour avancer sur les questions posées au cours des ateliers :
– Un acte courageux est-ce l’acte de quelqu’un qui ne connaît pas la peur , ni la honte? (non, nous connaissons tous la peur et la honte et les émotions … grandir en humanité c’est gagner le pouvoir de les maîtriser ou de les exprimer selon les circonstances et selon nos valeurs)
– Est-on courageux de naissance ? (A la naissance nous avons seulement des aptitudes qui s’actualisent grâce au milieu, aux rencontres, et a la faveur de circonstances historiques si nous le voulons. «  L’homme est sur terre pour s’il le veut apprendre à aimer » disait l’abbé Pierre. S’il ne le veut pas l’enfer est sur terre très vite !
– Le criminel n’est-il pas courageux lui qui ose sortir des sentiers battus, surmonter sa peur pour commettre un acte hors du commun ? ( Choisissons de ne pas appeler courage ce qui est violence, pathos, impossibilité d’accepter l’altérité de l’autre et de le respecter : dans courage citoyen il y a cœur et perspective d’un meilleur vivre ensemble…)
– L’autre est-il toujours une merveille pour nous ? Il est quelquefois une menace de mort pour nous ou nos proches, mort physique ou symbolique . Comment avoir le courage de la non-violence chaque fois que possible et sinon, apprendre à réagir pour mettre hors d’état de nuire sans vouloir d’abord le détruire  celui qui détruit ?

Ce ne sont que mes pistes d’aujourd’hui et le chantier de la réflexion reste largement ouvert !

Évaluation

– Qu’avons nous appris dans le domaine méthodologique ?
On a vérifié l’intérêt de l’atelier court, qui nous permet de nous sentir progresser avec l’aide des autres, c’est magique !. Il est possible de le mettre en place en classe en mettant les autres élèves en situation d’observation active ou de synthèse.
On a pratiqué l’atelier citoyen pertinent avec les adolescents intéressés par des supports video- On a apprécié la simplification des protocoles
– Qu’avons-nous appris sur notre sujet de réflexion : le courage citoyen ?
Beaucoup de choses mais le sujet est très complexe et nous avons encore à creuser !
– Comment avons nous vécu cette session ?
-Très positivement pour tous les apports , les situations et les rencontres extraordinaires rendues possibles, notamment la chance de cheminer avec Habib Kasdaghli et d’avoir pour guide Habib Mellah
-Avec beaucoup de gratitude pour les efforts fournis par les organisateurs qui se sont dévoués avec générosité et intelligence
– Cependant un regret s’exprime : certains auraient aimé savoir dès le début le menu, les horaires et les lieux de rendez-vous le plus souvent découverts au dernier moment
Il faudrait améliorer ce point de communication et de prévision
et toujours bien repenser la priorité qui est de faire encore et encore l’expérience d’un cheminement partagé vers plus d’humanité dans une réflexion à visée philosophique à travers nos ateliers cadrés par des protocoles évolutifs …le tourisme, les photos les achats pouvant se faire avant et après !
Les stagiaires sont invités à envoyer leurs remarques à ARP-PHILO car le temps manque pour aller plus loin dans l’évaluation !

Samedi 11 novembre

Avant la visite du Bardo, réunion dans un café pour se dire notre amitié et au revoir avant le départ de Michel, J François, Claude et Danièle… et en profiter pour faire une vraie clôture !
Nous sommes dans le bruit près de la rue mais c’est mieux que rien !
L’ordre du jour est établi ensemble :
– C’est le mot ’’avenir’’ qui s’impose : Quelles sont les dates et la nature des prochaines sessions ? Quels principes retenons-nous et comment améliorer les choses ?

1- Principes sur les quels ARP-PHILO ne transigera pas :
Toute session doit prioriser strictement la pratique philosophique c’est à dire les moments d’ateliers et de réflexion sur cette pratique.
Prioriser c’est à dire choisir de mettre en place prioritairement 2 à 3 ateliers par jour : les visites touristiques, les achats et les photos se plaçant avant ou après mais ne devant jamais prendre la place des ateliers ni les écourter ni les retarder !
Notre objectif est de favoriser l’expérience de la pratique de la réflexion partagée à visée philosophique avec ses bénéfices immédiats et ses questionnements . Chacun doit pouvoir se sentir évoluer personnellement en compagnie et avec l’aide des autres vers plus de sagesse , vers plus d’humanité et déjà en toute conscience!

ARP-PHILO s’engage à établir le programme des sessions qu’on lui demande d’animer en concertation avec les amis des pays qui nous reçoivent, assez tôt pour que chaque participant soit au clair sur le sujet et le cadre avant le départ.
Il s’engage aussi à veiller à annoncer le menu journalier par affichage la veille
2- Propositions pour l’avenir en fonction de ce qui a été regretté cette fois -ci
Problème de communication :
– Une seule parole écrite pour le programme du jour avec un volontaire responsable de l’affiche ( cela s’est déjà fait dans le passé) et précision des lieux , heures de RV et tél utiles.
Correspondance avant la session :
– Waed et Ali proposent d’ouvrir un groupe fermé FACE BOOK et de faire circuler les infos utiles
– Un correspondant par pays recevra et diffusera les infos
Il faut quelqu’un de réactif par e-mail
On propose Aziz pour le Maroc, Waed pour la Tunisie ?
L’Algérie est invitée depuis plusieurs années déjà à se constituer en association mais jusqu’ici n’a pu le faire… Ce serait le moment, sinon il faudrait qu’une personne accepte la responsabilité de faire les listes de participants , de les informer et de communiquer avec ARP-PHILO !
3- Prochaines sessions
a) 13-14 janvier à Toulouse : session ARP-PHILO / ATSCAF sur le regard de l’autre-
Les places sont limitées par la taille du local et la nécessité de laisser 15 places à L’ATSCAF
Lieu = Local de l’ATSCAF 19 rue Bayard Toulouse
Ni l’hébergement ni les repas ne sont assurés, mais beaucoup de restaurants, fast food et commerces dans la rue . Une pause de 2h sera ménagée le samedi et le dimanche midi, un repas organisé le samedi soir.
Horaires samedi 9h- dimanche 18n
– Droit d’inscription 50 euros
– Date limite de confirmation d’inscription le mercredi 22 novembre avec chèque d’inscription ou engagement écrit
b) Voyage-atelier en Algérie 20 au 31 mars 2018
– Inscription 100 euros ( pour les européens)
– Date limite d’inscription pour la rive sud: 15 décembre- Inscriptions closes pour les européens
– Sujet : La pensée créative
– Chacun prend en charge son voyage jusqu’à Ghardaia et son visa.
Il doit en outre prévoir 200 euros pour hébergement, repas et transports entre Ghardaia-Laghouat- Boussaada et Tipaza à répartir entre les sites proportionnellement selon des indications qui seront données à l’arrivée.
Pas de réduction pour les étudiants, chaque pays doit faire des choix et chercher des subventions pour réduire les coûts
c) Session Poursuivre sur l’affirmation de soi à Sète en mai 2018 du 14 au 18
Au Lazaret , corniche de Neuburg donnant sur la plage !
Réservée aux seniors de Poursuivre, avec quelques invités de l’autre rive qui devront trouver leur hébergement et régler leurs repas.
Inscription pension complète de l’ordre de 450 euros, à Poursuivre si Poursuivre accepte. Autrement en auditeur libre avec contribution modique.à Poursuivre..

MERCI À GLEYA ET À SAFA POUR LA GÉNÉROSITÉ DE LEUR ACCUEIL
Danièle Dupin de Saint Cyr

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Voyage atelier à Marrakech

Journal du voyage atelier

Marrakech du 4 au 11 février session internationale ( Europe-Algérie-Tunisie-Maroc)

VIVRE EN COOPÉRANT

WEEK END

4h30 du matin… Départ dans la nuit place Jeanne d’Arc par taxi en raison de l’heure ( ni metro, ni tram, ni navette et des travaux de la rue Bayard).

Arrivée accueillie par nos amis : Halima est de presque tous les accueils échelonnés avec le sourire et un mot gentil ! Saïd et Aziz nous rejoignent avec comme toujours la lumière de l’amitié et de la paix intérieure dans les yeux !

Nous nous installons à la Résidence des Enseignants, structure hôtelière ouverte à tous les adhérents de la FOSE, et à leurs familles, nous sommes dans la période des vacances marocaines et françaises, les logements à Marrakech sont très convoités mais tout a été prévu : je partage une chambre à 3 lits avec Monique et Geneviève mais peux avoir dès le dimanche une chambre seule ce qui me va mieux, je ne dérange personne en me levant la nuit et je peux allumer pour lire ou travailler lorsque

le souci de compléter un document me réveille !

Nos amis algériens sont arrivés par le train de Casa où ils ont atterri le 3 venant d’Alger, les tunisiens en 2 groupes se réunissent dans la journée et nous nous retrouvons tous petit à petit jusqu’au dimanche midi, où Chantal nous rejoint !

Quelques petits ratages : attente dans la foule et pancartes non repérées, coups de téléphones inquiets mais tout s’arrange assez vite !

Nous profitons du WE pour visiter un peu la ville et faire connaissance !

Dimanche matin , un groupe souhaite aller à la messe, nous nous retrouvons grâce à Saïd dans une grande église pleine à craquer , la messe est animée par une chorale africaine très dansante, trois amis musulmans décident d’assister à la messe par curiosité et amitié, notre séjour commence sous de bons auspices  d’intérêt pour l’autre et de tolérance !

Déjeuner improvisé dans un restaurant où les tajines finissent de mijoter pendant que nous nous installons, délicieux !

Promenade dans les jardins, rencontre de militants dans un bibliobus installé au cœur de la verdure !

En fin d’après midi , réunion de pilotage pour ajuster le programme Michel, Jean-François et moi, avec nos trois amis marocains, nos deux algériens, Gleya prévue comme référent est remplacée par Mokhtar. On regrette son absence mais tout se passe bien !

Amis arrivés du Sud en voyage hors pair. D’Alger à Casa le parcours fut à peu près aisé.. Mais de la Maison Blanche (Casa Blanca) ils partirent en train. Un train bondé de gens ! Aucune place assise ! Par quelle manigance nos deux compères obtinrent-ils de monter à côté des machines ! Là dans le bruit de bielles, de pistons, d’engrenages, ils subirent 4 heures un voyage de rêve. C’est d’ailleurs comme en rêve qu’ils parvinrent au port : yeux hagards, traits tirés, … Je ne les ai pas vus mais Gleya et Mokhtar arrivés eux de l’Est par le même voyage de Casa jusqu’ici faisaient même figure !

Fut-ce depuis le Nord voyage plus facile. Pas tout à fait. Heureux qui comme Ulysse lassé d’un long voyage … Trouva contradiction quand pendant 3/4 d’heure Danièle et Odile espéraient voir Saïd, présent à quelques pas, pensant réceptionner un couple de français. Erreur compréhensible quand un simple e muet distingue un pseudo Daniel d’une réelle Danièle. Daniel et danièle … Il fallait voir notre bonne Halima s’escrimer au portable :: Allez à la sortie ! Nous y sommes déjà et depuis un moment ! ! Saïd, elles sont là ! Qui ? Ce n’est pas un couple ? Mettez une pancarte indiquant vos prénoms … dialogues difficiles mais objectif atteint.

Puis ce fut du tourisme. Je fus impressionné par l’art des algériens à vivre par ici. Le désir d’un petit déjeuner les conduisit tout près dans un bistrot sympa.. Là un petit panonceau indiquait clairement : Ici on paye avant de consommer. Nos amis au comptoir commandèrent sans peine Et sans payer bien sûr faute d’avoir converti. Les fibres pour mon fil s’éparpillaient un peu. Gleya en Médina perdit ses compagnons mais trouva son mari.

Lundi 6, ouverture de la session .

Le programme et l’organisation sont présentés avec les objectifs, le grand thème Vivre en coopérant, lancé ainsi que le thème du jour : Penser par et pour soi même avec les autres !

Pas de grand discours sur le sujet, de la pratique très vite en atelier !

Pour qu’on puisse se comprendre au mieux, nous écrirons les mots clefs sur des affiches, si quelqu’un ne comprend pas il utilisera la langue des signes des assemblées populaires qui peut permettre de demander de parler plus fort, de traduire, de ralentir ou de reformuler…

Notre espoir est que chacun vendredi puisse dire ce qu’il entend par Vivre en coopérant et qu’il ait conquis par la pratique régulière des ateliers quelques outils à réinvestir sur son terrain avec détermination et humilité s’il le peut ! Le but est bien que chacun convaincu par l’expérience ose s’aventurer pour en faire profiter d’autres !

Michel assurera le FIL ROUGE dont l’intérêt pour nous, outre le plaisir d’entendre du beau texte, est de sortir le nez du guidon pour saisir une image décalée globale de notre aventure journalière :

métaphore et poésie nous parleront de notre cheminement !

Nous avons choisi de travailler chaque jour par plages de deux heures ( 3) coupées de 2 pauses ( pause café et pause repas). La première et la troisième seront plénières, la seconde en 3 groupes de 17 sera dédiée à la pratique d’ ateliers ( atelier court et atelier documenté). La troisième sera ce que nous appelons un atelier citoyen établi à partir d’un film ou d’une intervention.

Les groupes sont équilibrés quant à la nationalité ( 4 tunisiens, 4 européens, 1 algérien, 8 marocains), l’âge, le sexe.. .

Dans chaque groupe, des référents, anciens habitués à travailler avec ARP-PHILO ou membres actifs de la FOSE sont chargés d’assurer le lien avec le pilotage, et à rappeler règles et horaires chaque fois que nécessaire.

Principe :Les pilotes par équipe de 2 tournent dans les groupes. Réunis le soir, ils repensent chaque jour l’organisation de l’ensemble à partir des remontées de la régulation .

Règles de vie pour la session :

Un brainstorming fait émerger les idées qui sont notées sur une affiche , un petit comité en organisera la présentation et la fera valider mardi.

Ce qui paraît important entre autres c’est la ponctualité, l’assiduité, la discrétion, le respect des personnes, la participation… et bien sûr ni cigarettes, ni téléphone portable mais on commence à y être habitués, donc des comportements et des attitudes !

Atelier court en plénière : Vivre en coopérant, c’est d’abord vivre une vie pleinement humaine qu’il nous faut définir… 10 volontaires sont demandés pour participer devant l’assemblée des autres, disposés autour en simples observateurs, à un atelier qu’à ARP-PHILO, nous appelons « court ».

La question est donné par l’animatrice : Qu’est-ce pour vous qu’une vie bonne ?

Après une minute de réflexion, chacun s’exprime tant qu’il a le bâton de parole qui circule 3 fois.

On peut passer son tour- Chacun s’engage à être dans son propos, court, concis,clair, compréhensible et circonstancié (5C). Après les trois tours, l’animateur revient dans le groupe pour animer un temps d’échange sur le vécu de la séance et l’intérêt de ce type de protocole.

Quelques propos retenus : Vivre en homme c’est aimer et se savoir aimé, vouloir ce que l’on a, jeter des ponts et évoluer, être en harmonie avec soi et les autres, avec la nature, se sentir utile, avoir donné un sens à son existence, s’accepter, se sentir élément d’un ensemble ouvert qui nous amène plus loin que notre égo !

Les participants ont bien vécu ce moment étonnant pour beaucoup d’entre eux , ils ont apprécié d’écouter, d’être écouté et d’avoir la parole sans avoir à la prendre de force !

Jeu des présentations avec les salutations de tous les pays- Auparavant les groupes sont constitués- 3 groupes rouge, vert, jaune ! La moitié de l’effectif tire une salutation et choisit de saluer un membre de son groupe qui n’est pas saluant désigné-

Chaque « saluant »fait la salutation tirée et le salué lui répond de même, puis chacun dans le binôme se présente ( il dit d’où il vient, ce qu’il fait dans la vie et ce qu’il est venu chercher ici) on finit par une salutation marocaine.

2ème plage : Chacun rejoint son groupe pour échanger sur ce premier vécu et participer à un atelier documenté. Les salutations sont jouées avec plaisir, chacun présente son vis à vis !

Premier atelier documenté, chaque groupe lit son texte-prétexte : parmi les textes présentés dans le livret, texte de Meyer ou de Descartes, d’Al Ghazali ou d’Averroes.

Une question : La société nous empêche-t-elle d’être libre ?

Les contraintes du protocole permettent la liberté de parole et de pensée au milieu des autres.

Le temps de débat animé par le formateur permet entre deux tours de parole de réagir aux propos des autres- Chacun exprime ensuite son ressenti qui va du simple étonnement à l’émerveillement !

3ème plage après le repas :

Film point de départ de l’atelier citoyen : Exposé de Ghaleb Bencheikh sur Jeunesse, transmission et spiritualité. Transmet-on ce que l’on a ou ce que l’on est ? Pour bâtir ensemble une société solidaire, apprendre le « don sans retour », laisser parler son cœur pour entrer en résonance avec les autres, éviter de se croire seul dépositaire de la vérité… L’unique question utile n’est -elle pas : Que vas-tu faire de ton frère ? Et il ne s’agit pas de s’auto-admirer humble et généreux ! J’ai besoin du regard de l’autre surtout quand il me déplaît !

Jean-François anime le débat . L’assistance est dans l’ensemble très attentive et participe bien, certains posent des questions sur l’auteur, Jean François y répond ! On a conscience qu’on est dans la spiritualité plus que dans la psycho pédagogie ! Certains propos sont relevés  sur la tolérance, la vérité, l’autre, l’éducation, l’âme !…

Fil rouge 1 :

6 février 17 Salamalikum, sabah el nour ! Le fil rouge est un fil.

Un fil est l’entrelacs de fibres de coton, de laine ou d’autres choses. Puis les fils s’entrecroisent pour devenir tissus, nappes, tentures … et tant de vêtements que nous portons ce jour. Le fil est essentiel … pour la couture, pour les points de suture  … et soyons prosaïques pour bien couper le beurre. Mais la c’est fil de fer, d’acier ou de laiton, il sort de notre épure !

Il s’agit donc ici, du fil de notre stage. Il unira des fibres d’échanges et de propos, nourris de nos cultures, diverses et contrastées … mais ouvertes à l’accueil des richesses qui nous viennent des autres. Des richesses ? Helvètes, bruxelloises, bretonnes, occitanes, françaises, tunisiennes, algériennes, marocaines … Que de fibres diverses toutes de bon coton pour un fil résistant ! Car c’est plus que certain, au cours de nos journées nous ne filerons pas quelque mauvais coton !

Et ce fil sera rouge !

Rouge couleur de vie, d’énergie et d’amour. Parfois cette couleur prendra un vif éclat. Parfois elle subira le gris de la fatigue, du temps jugé trop court, du temps jugé trop long … ou de tout autre ennui. Rappel que toute rose vient et s’épanouit sur tige épineuse.

Pour faire mon travail j’invoquerai ces hommes qui jadis fabriquaient au coin de quelque rue des cordes et des câbles. Ils étaient Filatiers. Une rue à Toulouse porte toujours leur nom. Puissent ces artisans me prendre sous leur aile pour m’apprendre avec vous à travailler solide.

Une source intime irrigue nos promesses. C’est la fraternité. Partons au fil de l’eau de cette onde agréable . Elle promet le bonheur, pour toutes et pour tous, d’une belle aventure. Elle retraduit même FOSE qui nous accueille : Fraternelle, Ouverture, Solide ou Super, Étonnant mais aussi Enthousiasme.

Mardi 7 février La coopération

Fil rouge sur la journée d’hier puis présentation d’un film montrant un conseil de classe en primaire. Discussion sur l’intérêt de ce dispositif présenté par l’office Central de la Coopération à l’École et sur les options éducatives des enseignants qui choisissent de responsabiliser les élèves et de leur faire vivre l’expérience de la coopération plutôt que de la seule compétition

La coopération : Coopération ou compétition sont elles incompatibles ?

Un jeu est proposé dans un groupe : les participants qui pensent que compétition et coopération s’excluent se mettent d’un côté, ceux qui pensent qu’elles sont compatibles se mettent de l’autre, si on est convaincu par les arguments de quelqu’un d’en face , on change de côté !

On découvre alors que les argumentations développées conduisent à nuancer les points de vue mais que chaque groupe a tendance à se comporter en compétiteur…

La compétition aurait donc un effet d’émulation et de motivation… Comment en faire autre chose qu’une machine à écraser les ‘’perdants’’ ?

La régulation a fait apparaître déjà l’énorme bénéfice tiré des travaux et échanges du premier jour : et relevé les mots clefs disant ce que l’on retient . Il faut arrêter l’exercice tant les participants sont intarissables !

Parmi les questions que l’on se pose : Peut-on toujours coopérer ? Pourquoi coopérer ? Tous les liens dont parle Bidar sont-ils automatiquement libérateurs ? N’y a-t-il pas des liens qui étouffent et asphyxient ?

Le film proposé l’après midi tiré de La philo vagabonde montre le philosophe Alain Guyard donnant une leçon de philo en prison. L’atelier est animé par Saïd

Tout le monde peut philosopher « dès la nourrice » Il n’y a pas d’âge pour philosopher, il n’est jamais ni trop  tôt ni trop tard ! L’exemple de Socrate fait réfléchir : «  Je préfère subir l’injustice que la commettre. »Socrate respecte les lois de la Cité, Antigone préfère obéir à la loi non écrite que lui dicte son cœur ! Eidos et Diké nous guident ! L’honneur et la justice !

Fil rouge 2 :

Salam alekum. Sabah el nour !

Ils sont venus d’Europe, ils sont venus du Sud, ils sont venus de l’Est. Mais de l’Ouest personne ! Serait-ce vraiment vrai que pour nous à l’Ouest il n’y a rien de nouveau ?

Pour certains ce furent longs voyages…

Finalement tous se sont retrouvés au rendez-vous d’hier pour un autre voyage promis, lui, au long cours. Destination : Vivre en coopérant. Aventure assurée !

Après ce premier tour de bobine au fil rouge, déroulons le second.

Mesdames et Messieurs voici les protocoles d’ateliers courts ou longs. Et puis la video qui montre l’efficace de méthodes appliquées dans des classes de jeunes pour que la liberté anime les paroles, pour que respecter l’autre se vive avec l’écoute … spectacle surprenant et même émouvant de jeunes qui se lancent parfois avec courage devant des enseignants pour dire ce qu’ils pensent, éprouvent et parfois souffrent. Alors on s’y est mis. We can ! Pourrions-nous dire. Et nous voilà partis Groupe vert, groupe jaune, groupe rouge, pour entrer dans le jeu. On essuyait les plâtres mais déjà se vivait le bonheur d’écouter, de parler, de se faire aux méthodes qui donnent aux différences d’être de vraies richesses. Mon fil rouge conduit à cette perception qu’au-delà des outils, nécessaires, efficaces, un climat s’établit, celui de l’amitié et qu’un pont se construit de plus en plus solide entre rives et cultures, entre générations …

Dans l’après-midi l’atelier citoyen, fit encore avancer sur ce chemin sans fin où nous sommes artisans de paix et d’amitié.

Ma bobine déroule maintenant un fil au rouge sang vif avec la conférence de Ghaleb Bencheikh où apprendre à apprendre prend nettement le pas sur la transmission de savoirs. Ce n’est que du dedans qu’une jeune âme peut croître. Des propos percutants livrés d’une voix calme. Invitation paisible à faire entrer en nous l’air vif de changements sous l’impact de l’accueil sincère et bienveillant de l’autre-différent. Là mon fil rouge quitte les échanges entre nous sur l’âme, sur la foi, sur la psychologie des relation aux autres. Il conduit plus profond du côté de non-dits sur la reconnaissance de vulnérabilités, de risques encourus, de blessures possibles, lorsque nos certitudes se trouvent questionnées non pas éliminées mais à approfondir voire à débarrasser de la rigidité de conceptions figées à force d’habitudes. Ça fait mal, ça dérange, ça fait peut-être peur. .. A prendre ou à laisser ! A chacun sa conscience. Vivre en coopérant, c’est opérer ensemble. Serait-ce alors d’ordre chirurgical ? S’impliquer pour parler, écouter, accueillir. Accepter de bouger dans sa tête, son cœur voire dans ses convictions … Il faut quelque courage pour se jeter à l’eau. Justement le fil rouge prend ce mot dans un nœud. Courage reste avec nous !. Nous en avons grand besoin de cette vertu noble dans notre vivre ensemble. Nââkoum saïd !

Mercredi 8 février Conflits et non violence

Régulation : Remontée des bénéfices de la veille, individuellement par petite phrase- L’animation est assurée par Belgacem

On peut philosopher à plusieurs- Le meilleur cadeau que tu puisses me faire est de me dire ce que tu prends de moi- Il n’y a pas de savoir préalable pour philosopher- Tout le monde peut philosopher- Philosopher c’est sortir de son moi étriqué … Chacun semble avoir tiré profit de la journée d’hier !

Quelques questions se posent – sur les protocoles : Ne peut-on déroger à certaines règles ? Comment choisir une question ?

Des pistes sont ouvertes pour les réponses à construire. Le but est d’apprendre à penser par et pour soi-même avec les autres. L’ exemple est donné d’un atelier court où les enfants bloqués par la non maîtrise de la langue ont fait filer le bâton de parole sans en profiter pour parler et où l’animatrice a dû changer de protocole pour permettre l’émergence de la parole et de la pensée en racontant une histoire et en posant une question… C’est le but et le sens qui comptent : les protocoles sont faits pour libérer pas pour enfermer et stériliser !!!

Lancement du thème du jour : la CNV – Avant d’arriver à la coopération, il faut quelquefois passer par l’épreuve de la rencontre de la violence. Comment la définir ? On pourrait dire de façon lapidaire  : Le conflit c’est la vie, la violence c’est la mort !

Peut-on faire face à la violence de façon non violente ? C’est le choix de Gandhi lorsque le non violence est choisie comme une force : Mieux vaut une réponse qui arrête une violence par la violence que la lâcheté qui laisse toute la place aux violents… Beaucoup de questions sont posées !

Visionnement de la vidéo sur la communication non violente vue par Rosenberg, on découvre les attitudes Chacal ou Girafe de ses marionnettes – On a le choix entre 4 attitudes lorsqu’on est agressé : on peut retourner la violence vers l’autre ou vers soi, ou on peut amorcer le dialogue en reconnaissant ses propres émotions et celles de l’autre et en cherchant ensemble la sortie du conflit ! c’est un pont à essayer…un pont de non-violence !

La formation à la médiation d’enfants est présentée, la médiation n’est pas l’arbitrage, ici c’est un service assuré entre pairs formés pour aider à sortir du conflit lorsque les intéressés n’y arrivent pas et demandent assistance !!

Questions : Peut-on et doit-on toujours éviter la violence ? Que faire quand le conflit tourne à la violence c’est à dire à la destruction mutuelle ou à la destruction des plus faibles quand on en est témoins de près ou de loin ?

Texte de départ atelier documenté : Gandhi sur l’amour et la force de la non violence.

Film de l’atelier citoyen : Tozzi et Meirieu De l’enfant consommateur compulsif à l’enfant citoyen

Atelier animé par Aziz : Nous sommes à l’âge du capitalisme consommateur compulsif- L’enfant a besoin d’apprendre à surseoir à la satisfaction de ses pulsions pour devenir humain- Le désir n’est pas la pulsion, il est l’apanage du sujet- …

Fil rouge 3

8 février : rhid ahmar

Nous voici parvenus à la moitié d’un voyage … un voyage au long cours que nous n’achèverons …jamais.

Commençons par un coup d’œil dans le rétroviseur. Il nous montrait hier matin un groupe plutôt satisfait de l’ambiance et de l’état d’avancement du chantier.

Un coup de râteau de mon fil rouge. Il ramène jusqu’à nous quelques belles expressions :

La Coopération ultime c’est l’amour. L’Équation a résoudre est celle de gagnant-gagnant

Et même une observation auréolée de mystère : La Coopération c’est comme une femme qui mûrit.

Nos vestiaires équipés d’oreilles de girafe et d’oreilles de chacal nous partons dans les groupes.

Mon fil rouge prend alors le chemin des jardins philosophiques cultivés par les verts, les jaunes et les rouges, appliques à échanger sur violence et non violence.

Quelques jalons sur cette route de sagesse (philosophie !):

Le conflit fait partie de la vie. Nécessité vitale mais risquée. . Il peut tourner à l’aigre et déraper jusqu’à la violence mortifère. Tel Janus il présente deux visages

Celle du conflit interne, bien typé par cette remarque : Je voudrais faire ce que ma tête m’a dit, mais je fais autre chose. Je fais le mal que je ne voudrais pas, avouait Paul de Tarse.

Celle des conflits externes. Avec parmi eux, les suggestions pas forcément prises en compte. Mais mon fil rouge facétieux les relève car elles signalent de bonnes directions : celles des compromis, des concessions. Propositions à suivre en d’autres temps, en d’autres lieux. N’est-ce pas une mission du fil rouge que d’ouvrir des fenêtres insoupçonnées, pour voir plus loin, garder le cap, pour débloquer des freins serrés par des religions mal comprises. Et de relever aussi des espérances folles comme celle de la puissance désarmante de l’amour contre la guerre.

Oui mais il faut être patient.

Pas d’amour, pas de vie ! Nos échanges en tout cas, empreints de non violence prenaient forme d’amour.

L’atelier autour du film sur la pédagogie a passionné sinon séduit tout le monde. L’échange qui suivit, déployé en deux temps, bien animé , couronné de synthèses, à laisse sur leur faim tous les participants. Affaire à suivre, donc.

Jeudi 9 février l’accueil de l’autre

L’accueil d’un autre très différent et de soi-même comme un autre

Régulation : remontée des bénéfices par petits groupes de 5 animé par Aziz

Cette modalité permet de réduire le nombre de productions et de favoriser l’expression de tous en petits groupes

Lancement du thème : Intérêt de conquérir l’attitude empathique et de s’interroger sur l’attitude critique à adopter en la distinguant de l’attitude de critique systématique !

L’empathie vise à commencer par écouter l’autre en se mettant à sa place, sans jugement : on met un temps son moi entre parenthèses pour laisser sa place à l’autre !

Cela ne veut pas dire qu’on est en tout point d’accord avec lui ! Il faut avoir compris l’autre pour le critiquer, l’empathie débouche sur une reformulation de ce qu’on a compris et une demande de validation par l’autre : T’ai-je bien compris ? Le texte de Christian Bobin relance la réflexion.

La critique est l’examen rationnel de la position, il vise à dénoncer les présupposés et les manipulations pour plus de liberté. Le doute méthodique passe au crible la proposition.

Le propos de l’atelier philo est de favoriser le développement de la pensée attentive, créative et critique !

Questions:L’empathie et la critique sont elles compatibles ? A quelles conditions ?

Texte : Amin Maalouf Les identités meurtrières

Film de l’atelier citoyen : Jacquard ( 2 extraits) Atelier animé par Halima

Le professeur A Jacquard est présenté, son premier film parle de notre planète et de ce qu’elle peut supporter, le second du nécessaire partage entre humains…

Halima invite les participants à exprimer leurs réactions puis à débattre sur le thème à partir d’une question qu’elle propose

Après la séance pour ceux qui veulent : le film Le destin sur la vie d’Averroés est passé en entier puis, le soir, un défilé de mode organisé par les femmes du Banquet, mode masculine et féminine , avec des habits traditionnels somptueux, revus à l’aune de la modernité sans rien perdre de leur majesté ! Nos amis sont mannequins comme s’ils l’avaient toujours été !

Fil rouge 4

9 fevrier

Hier au petit matin nous avons commencé par jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, pour observer le chemin parcouru la veille. Une satisfaction se fit aussitôt jour, exprimée maintes fois avec quelques mots-clés : écoute, sympathie, respect, liberté de parole, dépassement de la timidité … plus tard quelques secousses provenant des appels reçus au cours d’échange, des appels a bouger, a grandir, évoluer en mieux … Un résultat précieux et pourtant perfectible. L’objectif poursuivi est toujours à distance. En avant donc pour la prochaine étape !

Pour faire bonne route nous rappelions les règles. Couchées sur un papier, imprimées, transmises a chacun comme un vade-mecum pour guider les échanges, les rendre plus féconds.

Des films vinrent alors comme de beaux exemples. Ils nous montraient des jeunes appliqués, philosophes… avec des résultats exemplaires, étonnants pour leur âge, porteurs d’une espérance plus forte que la peur de quitter son silence, de prendre la parole, d’exprimer ses idées. . Nous partions aussitôt en faire l’expérience, en rouge, en jaune, en vert, dans nos 3 petits groupes. Avec sujet commun, la coopération, confrontée aux questions de la compétition, chez les verts, atteinte à la base par les rouges : Pourquoi coopérer ? Avec quelles compétences se demandaient les jaunes, Derrière les méthodes de bonne animation, l’art de l’observation et celui des synthèses, les interrogations rejoignaient en chacun le creux de ses désirs, de ses engagements et parfois de ses rêves. Avec deux bases à relier. L’une met en avant L’individu soucieux de réussite, tant il est vrai qu’en chacun un compétiteur sommeille. L’autre attachée à cultiver les relations, tout aussi nécessaires, relations sans lesquelles L’individu étouffe. Paradoxe éternel ou personne et communauté se distinguent toujours sans jamais pouvoir se séparer. Les références aux sports, particulièrement d’équipe, furent les bienvenues. Chacun dans une équipe occupe une place, joue un rôle précis mais ne peut l’accomplir qu’avec l’aide d’autrui. Et j’en sais quelque chose pour avoir des années joué dans une équipe …. de rugby !

Mon fil rouge ratisse , Un fil rouge râteau ? Tout à fait impossible ! Mais si ! Ce fil rouge est unique, original, spécial ! Voici ce qu’il ratisse en passant dans le champ des paroles semées au gré de nos échanges :

On ne peut pas applaudir avec une seule main ! – Je suis en confiance avec vous. – La Coopération, une stratégie anti-conflit, anti violence.

Et puis l’après midi, la leçon de Socrate : Eydos et diké, l’éthique et la loi… et aussi l’inter-dit.

Ça donne envie d’approfondir. Tiens ce n’est donc pas évident ? Et puis : Qu’est-ce qu’une prison ? Avec des positions qui sorties du contexte font un peu froid au dos : aller à la prison rencontrer les prisonniers c’est l’acte philosophique par excellence ! Curieusement personne n’a quitte la salle ! Serions-nous alors ici même en prison ?

Mais aussi, , plus bucolique : Qui parle sème, qui écoute récolte.

Puis un deuxième film au titre baigné d’espérance : Ce n’est qu’un début. Mon fil rouge en profite pour se faire élastique et poser la question troublante, décalée par rapport au chantier qui nous retient ici, mais combien perspicace, lancée par un gamin : Les parents à quoi ça sert ? Mon fil rouge dérape ! Il prend la liberté de filer hors sujet ? Que voulez-vous … je l’aime bien ainsi.

Notre chemin continue !

Vendredi 10 jour des bilans et des projets

Dernier fil rouge

10 février

Pour commencer, un dernier coup de rétroviseur

Au-delà des sujets, des questions, des échanges, nous avons reçu des touches personnelles, des impacts intérieurs. Ils invitent chacun, à bouger vers un être-plus homme, dans cette perspective proposée par Socrate : connais-toi toi-même. Et nous les recevons ces appels indirects a propos d’émotions à dire où à cacher, à propos de l’idée que l’amour est capable, c’est étonnant, de promouvoir la paix là où sévit la guerre. Un amour désarmant s’opposant a la haine. Vous n’aurez pas ma haine …Utopie pour beaucoup mais dynamisme fort brûlant au fond des cœurs des artisans de paix, même quand la violence devient le seul moyen de vaincre l’injustice. Fils rouge de Gandhi au plus fort des conflits !

Vient la Régulation

Il arrive au ‘comment’ de coiffer un ‘pourquoi’ supposé résolu. Il faut le décoiffer .. nous glisse le fil rouge, déplacer la question du comment au pourquoi. Alors rappelons-nous de la sage Ariane. Elle avait, par son fil, permis au prisonnier, Thésée en l’occurrence, de sortir du labyrinthe ou l’enfermait Dédale. Ainsi pour mon fil rouge. Il cherche l’essentiel pour servir entre nous la liberté de trouver des chemins pour penser par soi-même avec d’autres. Soucieux de la boussole qui donne sens au stage le fil rouge soulève à l’occasion des lièvres, parus sans préavis dans nos questionnements : jusqu’où respecter l’autre ? Attention consensus ! La Coopération, vivante de surcroît, n’est pas fleuve tranquille poussant des bisounours vers des jardins paisibles. Car sous les apparences d’un beau temps agréable, l’expérience le prouve, des turbulences viennent. Il faudra les gérer.

Suit l’Accueil et son tiercé gagnant : l’Empathie, l’écoute et l’esprit critique.

Quelques ingrédients pour nouer ce tiercé : Accueil, sang froid, estime de l’autre, positivité, regard porte d’en haut. Bienveillance. Comprendre le point de vue de l’autre, ce qui ne signifie pas le partager. Tel Averroès et sa critique de l’incohérence. Dialogue. Mise provisoire entre parenthèses de ce que l’on croit, de ce que l’on pense. Et ce précieux principe qui court en filigrane : distinguer la personne de ce qu’elle dit ou fait.

Et puis les ateliers

Après thé et gâteaux avec un bon soleil installe au ciel bleu, des questions à traiter en rouge, jaune et vert. Par exemple L’Empathie et la critique sont-elles compatibles ? Contradictoires ?

Deux perspectives s’ouvrent tels des motifs de base sur la trame croisée d’échanges et de débats.

L’une tournée vers soi se soucie par exemple du respect des propres racines. On ne veut pas qu’elles nous soient arrachées.

L’autre vers l’extérieur signale que tout homme, toute femme est être respectable jusque dans ses différences. Facile à dire mais pas à vivre quand on évoque des situations extrêmes telle l’intolérable différence du terrorisme.

Et tout cela exprimé, débattu dans un climat confiant, assez exceptionnel jusqu’à permettre l’émergence de confidences personnelles pour dire par exemple que la peur peut pousser au refus de graves différences trop lourdes à supporter. Et d’autres situations encore, elles aussi à retentissement profonds, sur les différences culturelles imprégnées par exemple par la laïcité et par les religions.

Suivent trois témoignages.

Céramiste et potière, puis dans le modelage ou de la terre sort quelque chose d’humain, têtue pour arriver jusqu’au bout du chemin. Modeler de l’humain. Nous sommes dans le stage.

L’art comme la philo offre de s’exprimer avec son corps, son âme, son esprit. Va et vient permanent entre un désir, une idée première et la matière, travailler avec elle, de fer ou bien de verre. Écho d’une nécessité intérieure, sans visée mercantile, pour une symbolique sur le sens à trouver a sa vie. Nous pensons à Merieux

Haïti, le chaleur et la faim, du bruit, des enfants dénutris et battus … Des sectes, le vaudou. Enseignants sans salaire. Pourquoi philosopher avec tant de misère ? La peur, la mort, la colère, la justice, la liberté. Peut-on rire de tout ? Des enfants, des humains, qui sont le monde de demain. Pour nous, retour brutal sur le terrain des pauvres.

Et le film de Jacquard, maitre en humanistique vint couronner le tout.

Plaidoyer pour une créativité partagée sur une planète en danger.

Ouverture pour nos activités sur des perspectives environnementales. Retrouvons ses paroles du savant philosophe. Le fil rouge les suit : remplacer la compétitions par l’émulation. Se rencontrer pour trouver le noyau dur. Je suis un être humain. Tout le reste est anecdotique. Remplacer la compétition par l’émulation.

Et la mise en garde, la sonnette d’alarme ; la terre pourra nourrir la multitude humaine mais pas supporter ses déchets si l’on continue dans les dispositions actuelles. Nous faisons pour le moment un grand écart avec la réalité. Si bien que rester optimiste n’est pas très simple.

Que nous apportent nos Rencontres ? Entre autres perles : vibration, partage, intégration sociale, révélation de soi. Ouverture, mais aussi risque, surprise, prise de conscience d’une distance.

Qu’est-ce alors que grandir vers plus humanité ? C’est un devenir, un passage de la satisfaction des besoins primaires à celui de l’estime de soi. Avoir un projet de vie, en sachant que celui qui ne sait surmonter les montagnes vivra éternellement dans les trous.

Pour conclure

Vous l’avez remarqué, quand il s’agit d’amour mon fil rouge s’envole. Comme pour indiquer que dans ce mot se trouve la clé des labyrinthes créés par les conflits, les luttes, les violences. Mais alors, cher fil rouge, redescend donc sur terre pour montrer comment faire et surtout comment vivre. Écoute, me dit-il (car mon fil rouge parle – il n’est pas qu’un râteau ! -. Ecoute, me dit-il, retourne aux dons offerts tout au long de ce stage. La coopération distribue des cadeaux qui sont trésors de prix à prendre avec toi, à vivre, à partager au fil de chaque jour, au Maroc et ailleurs.

Je rembobime donc mon malicieux fil rouge. Et je découvre alors – quelle belle surprise ! – qu’il mêle étroitement tout en les respectant, le vert, le jaune, le rouge. Influence efficace des habits de lumière admirés hier au soir. Des styles différents, des couleurs chatoyantes. Oui, chacun est unique, chacun est différent, chacun a sa beauté, sa grandeur, sa bonté. Mais nul n’est une île, selon Thomas Merton. Nos identités ne sont pas meurtrières, elles tissent l’amitié. Mon fil rouge, du coup, devient multicolore, à cause de ce stage. Vous m’en voyez tout sérendipité ! … et rempli d’amitié pour vous toutes et vous tous.

Je vous embrasse Michel

Note : Les quatre pieds de la table du bon synthétiseur : rassembler, résumer, relier, restituer.

Evaluations

Bilans blasons-chats

L’outil de l’évaluation est présenté, les questions sont ouvertes pour permettre argumentation et expression personnelle- La finalité est de se renseigner mutuellement sur le bénéfice de l’opération et sur les projets. Ce n’est qu’une évaluation à chaud, à reprendre dans 3 mois pour vérifier ce qui a pu être mis en place et appliqué

Travail de groupes sur le message clair : comment désamorcer le conflit dès l’origine.

Essai de jeux de rôles : Quand tu fais ou dis cela , voilà ce que cela me fait dans mon cœur ! As-tu compris mon état émotionnel ? Comment te sens tu toi-même et quelle solution proposes-tu ?

Veux-tu toujours être mon ami ? Que pouvons-nous faire ?

Retour des évaluations

Les chats sont massivement ravis, souvent intéressés et déterminés ! De nouveaux chats sont dessinés : étonné, satisfait…

Les projets sont surtout ceux d’essayer d’animer des ateliers enfants, mais aussi adultes en commençant par les courts, on se sent aussi capables de mettre en place des règles de vie voire des conseils d’enfants mais il faudra encore se former…

On dit sa reconnaissance aux organisateurs et animateurs avec beaucoup de mercis et de bravos !

Clôture des travaux

Conférence de Nadir Guerrab , penseur et écrivain marocain sur l’apprentissage du bonheur, suivie d’un débat !

Remise des diplômes organisée par Aziz

Fête après le diner avec une dizaine de prestations de stagiaires ( poèmes tristes ou légers, sketches humoristiques reprenant le vécu du stage) et danse pour tous sur une musique choisie par nos hôtes!

-Prestations en poémes par Gleya Harraga et Halima poème du stage, toutes deux auteures- Lecture par Rachida du manifeste de Abdellatif Laabi

– Prestations sketches jouées : Michel et Daniele Le corbeau et le renard à Marrakech– Tayeb et Jean-François : le scorpion suit sa natureLe bonheur est dans le pré-

Samedi 11

Evaluation personnelle

DD

– 1)Ce qu’on a fait mieux que d’habitude :

Les régulations en variant les animateurs et les modalités. Les enchaînements de la première plénière. Les ateliers citoyens à partir de films en variant les animateurs et les modalités. Une première formation à la synthèse. Les réunions du groupe de pilotage tous les jours avec3 référents

se sont tenus très régulièrement.

 -2) Ce qu’on n’a pas pu faire  et qui était prévu:

La métacognition , le recueil des feuilles de secrétariat, la place des témoignages

-Ce que j’ai appris en le pratiquant pour la première fois :

l’intérêt des jeux et des présentations mutuelles ludiques par les salutations de tous les pays qui a permis d’exprimer les attentes et de présenter l’autre plutôt que soi.- L’intérêt d’une régulation variée par mots clefs, par phrases et par petits groupes !- L’intérêt de faire tourner après le 1er jour les rôles de régulateur, d’animateur d’atelier citoyen, d’animateurs d’ateliers courts et documentés… et de tourner pour les co-pilotes dans les groupes (pour jouer la complémentarité et l’émulation plutôt que la compétition)

-3) La positivité de la session est considérable grâce à notre adaptabilité à tous, au bon choix des participants, à l’investissement de l’équipe marocaine!

Implication remarquable des participants avec une très grande qualité de réflexion !

4) Regrets : Défaut de concertation préalable faute de temps et de disponibilité pour l’établissement de la grille, la sélection du livret, les activités annexes, et les priorités -Le conférencier aurait pu être intégré dans un atelier citoyen ! La longueur de son intervention a empêché les témoignages, le retour de l’évaluation et la conclusion d’ARP-PHILO !

La visite d’Essaouira aurait pu être annoncée( je serai restée!)

On fera mieux la prochaine fois !

Améliorations proposées en équipe de pilotage restreinte :

1-Par Saïd : Permuter les plages 2 et 3 – Avantage : on perd moins de temps, on reste en grand groupe toute la matinée jusqu’à 12h30 !

8h30-10h30 fil rouge, rapport des groupes, régulation et lancement du thème

10h30 pause café enchaînée avec café citoyen jusqu’à 12h30 ( On a gagné 30mn de pause qu’on prend au moment du repas!)

12h30-14h repas avec donc 30mn de pause de plus

2- Avec Halima sur les règles : Préciser que nous noterons le nombre de présents à l’heure et l’heure d’arrivée du dernier, les retardataires viendront à la pause discrètement s’excuser.

Les absents seront interrogés par les référents à leur prochaine apparition.

Il est important que chacun se responsabilise !

3- Les référents (Un ancien et un local) seront chargés de récupérer les feuilles de secrétariat et de les donner au fil rouge qui les remettra ensuite au pilotage

Nommer un secrétaire pour les plénières.

Proposition d’une charte des voyages ateliers , commencée à rédiger avec Halima, Said, Michel

A suivre !

– Préparation :

L’équipe qui demande un voyage atelier ou une session avec ARP-PHILO s’engage

– à préparer la session avec ARP au moins 6 mois avant ( annonces, thème, conception du livret, coût, lieux, public…)

– à choisir les textes du livret (comité local en correspondance avec ARP-PHILO)

Les textes proposés par tous seront triés en fonction de leur intérêt et de leur simplicité

Chacun argumentera ses choix et ses rejets et fera des propositions

– à rester en contact réactif par e-mail avec ARP-PHILO

-Les dates de début et de fin de session seront précisées dès cette annonces, ceux qui souhaitent profiter de la session pour faire du tourisme le feront normalement à leurs frais !

– Inscriptions :

-Les inscriptions seront prises en Europe à partir du versement d’un droit d’inscription, d’une adhésion à ARP-PHILO (20 euros) et à l’association qui reçoit.(ex 10 euros pour FOSE), un forfait hébergement sera demandé et versé à l’association qui reçoit, à l’arrivée

– Les listes seront closes définitivement un mois avant la session

– Ne seront remboursés que les droits d’inscription des désistés pour raison majeure

L’équipe organisatrice enverra les invitations un mois avant la session sur production par les associations partenaires d’une liste comportant les noms prénoms qualité adresse e-mail et téléphone des intéressés.

Chaque association devra respecter ses quotas et se débrouiller financièrement pour prendre en charge ses participants.

Une caisse de solidarité pourra toutefois être ouverte sur place pour régler les difficultés rencontrées exceptionnellement par l’association qui reçoit.

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et en Midi Pyrénées …quoi de neuf ?

Et… en Midi Pyrénées quoi de neuf pour ARP-philo depuis 2015 ?

Les actions menées auprès des classes se poursuivent en particulier dans le nord de la région. 3 départements « pilotes » qui se sont engagés depuis 2012 ont développé les ateliers philo avec les enfants dans les écoles de la maternelle au collège, mais ont aussi développé des formations à l’animation d’ateliers philo pour les enseignants.

Dans ce domaine nous avons établi un partenariat privilégié avec l’Union Régionale de l’OCCE –Office Central de la Coopération à l’Ecole- l’OCCE est une Fédération nationale regroupant plus de 95% des écoles primaires , élèves et enseignants de France

Participation régulière d’ARP Philo à des forums – droits de l’enfant – ou semaines à thème : citoyenneté, handicap …                                                                                                     Un partenariat régulier est instauré en particulier dans le Lot avec le CIDFF46 – Centre Information et Documentation Droits Femmes et Famille-et le SDJ – Service du Droit des Jeunes. Plusieurs centaines d’élèves d’ écoles et de collèges ont participé aux ateliers et débats philosophique proposés sur ces semaines  de novembre et décembre 2016. Partenariat en plein essor aussi avec la DDCSPP 82 ( direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) qui, dans son programme annuel de formation des professionnels de l’éducation auprès d’enfants et de jeunes : »Laïcité-citoyenneté: comprendre, débattre, agir« ,  a sollicité ARP-Philo pour les 2 journées consacrées à : « animer et produire du débat « . L’OCCE82 a été associée là aussi à la mise en œuvre de ces journées

Des ateliers aussi dans la cité , cycle en  médiathèques pour enfants ou pour adultes    ( Gourdon46, St Etienne de Tulmont82…) Ateliers  mensuels en  clubs des Aînés (46)…au siège d’ARP-Philo (31)…

Cette année 2015- 2016 a pris un essor particulier pour ARP-philo dans deux domaines.

En premier lieu de nouveaux programmes de l’Education Nationale Française ont été mis en application à la rentrée de septembre autour de l‘Enseignement Moral et Civique ( EMC) avec l’accent mis sur les Cultures de la Règle et du Droit, de la Sensibilité, de l’Engagement et du Jugement . Pour cette dernière approche, le ministère préconise – entre autres- la mise en place dans les classes d’ateliers de discussion à visée philosophique. Peu d’enseignants et peu de formateurs disposant de la méthodologie et de la pratique de ce type d’atelier, ARP -philo a reçu de la part de l’Institution Education Nationale – via les Directeurs Académique et Inspecteurs du premier degré, une importante demande de formation à l’animation d’ateliers philo pour les enseignants du 1er degré mais aussi pour ceux du collège , chargés spécifiquement de la mise en place du Parcours Citoyen des élèves.

Animations et stages tous inscrits au PDF ( Plan de Formation Départementale) comptabilisés dans le temps de formation continue des professeurs.

A titre d’exemple, les 4 équipes de circonscriptions du Lot nous ont chargés d’animations pédagogiques à destination des professeurs des Ecoles ou de participation à des stages de formations ( Laïcité Citoyenneté /Solidarité Valeurs : stage OCCE46 ) pour leur apporter les compétences d’animation pour ces discussions à visée philosophique .

Certains stages FIL ( formation d’Initiative Locale) ont permis à notre association ARP-Philo de travailler directement avec les services de formation des personnels du rectorat de Toulouse ( DAFPEN) Voir en annexe FIL du collège de Caussade .

En second lieu ou plutôt en parallèle avec cette forte demande institutionnelle, le partenariat s’est considérablement resserré avec l’OCCE déjà très présente aux cotés d’ARP-philo ( dans le Lot et Tarn et garonne) depuis 2012 et porteuse du développement de la philo pour enfant dans les classes. L’année 2015- 2016 a vu naître une convention de formation entre les deux associations rapprochant encore les objectifs et les valeurs des deux partenaires :

Penser par et pour soi-même avec les autres ( Arp-philo)

Apprendre par, pour soi -même avec les autres et pas contre les autres (OCCE)

Dans la foulée de cette convention, une nouvelle action Phil’osons a vu le jour. Cette action proposée à l’ensemble des adhérents de l’ OCCE a démarré dans les 3 départements pilotes Aveyron, Lot, Tarn et Garonne, portée par les animatrices de ces AD et la formatrice ARP-Philo.                                                                                                                     

Cette action comme l’ensemble des actions de l’OCCE permet aux enseignants de suivre des formations à l’animation philo mais leur permet aussi de constituer un réseau avec leurs classes.

Les animateurs OCCE et formatrice ARP-philo assurent un accompagnement – aide à la mise en place progressive dans les classes (de la maternelle au collège) et un partage des ressources ( outils, informations, textes inducteurs) et des productions réalisées par les classes ( livrets, albums, affiches …) L’équipe de pilotage interdépartementale propose aux participants des thèmes de réflexion par trimestre – ou par période scolaire -et rassemble les divers traces et productions des ateliers pour les mutualiser et les mettre à disposition du « réseau » sur un espace du site des AD OCCE (« mur » virtuel en cours de réalisation )

Le groupe pilote-méthodo ARP-OCCE  fixe annuellement les objectifs de formation pour les enseignants selon leurs besoins dans le domaine de l’animation philo ( débutants, expérimentés …) en relation avec les programmes de l’École et les objectifs du « philosopher » en classe .

Pour l’année 2015 -2016 l’accent a été mis sur la culture de la règle et de la sensibilité au regard de la construction de la pensée attentive et créative . Pour 2016 2017, ce seront la culture du jugement et la construction de pensée critique qui seront au centre de la formation et de la pratique d’ateliers.

Les Associations départementales OCCE de L’Ariège et du Gers se sont récemment lancées dans le développement des ateliers philo pour enfants …l’objectif de 2016 2017 est que l’action Phil’osons portée par ARP-Philo et l’OCCE se développe dans toute l’Union Régionale Midi Pyrénées…et au delà puisque nous sommes liés maintenant avec le Languedoc Roussillon pour former une nouvelle grande Région : l’ Occitanie ! …

un beau territoire à conquérir maintenant pour Phil’osons !

                                                                                                     Nicole Talleux ARP Philo juin 2016

                                                                  ***

Annexe Actions développées par ARP-Philo en secteur Midi Pyrénées

Exemple du collège de Caussade dans le Tarn et Garonne

Un stage FIL( formation d’initiative locale) de 12h a été réalisé au collège Pierre Darasse de Caussade  en partenariat avec l’OCCE 82 ( Office Central de la coopération à l’École)

L ‘équipe de direction et les professeurs souhaitaient s’approprier des outils d’animation pour mener des débats avec les élèves ; débats à la fois ouverts et cadrés qui permettent à tous de s’exprimer librement mais aussi d’écouter ce que les autres ont à dire dans un cadre respectueux .

«  Apprendre à animer des ateliers philo en classe ou dans l’établissement »

24 professeurs et personnels du second degré + 5 PE ( cadre de la liaison école collège.) ont été concernés par cette formation sur 2 ans

Formation mêlant apports théoriques et expérimentation qui s’est réalisée en deux niveaux : initiation (2014)et approfondissement(2015). L’essentiel a été un entraînement à la pratique d’animation des ateliers philo courts et classiques . Un grand dynamisme et beaucoup de motivation pour ce groupe de professeurs multi disciplines et d’éducateurs. Le projet de formation étant réellement encouragé par l’Institution ; principale du collège et Inspecteur de la circonscription

Dès la fin de la première session en Avril 2014, des ateliers philo hebdomadaires – animés par des binômes de professeurs formés- ont été proposés aux élèves tous niveaux confondus ( et aux adultes de l’établissement) sur inscription volontaire tous les mardis midi . Les élèves ou adultes de l’établissement s’inscrivaient chaque semaine sur une affiche à l’extérieur de la salle . Le nombre de participants étant limité à 12, certains s’inscrivaient dès le vendredi matin pour le jeudi suivant … !

Des ateliers ont été aussi animés pendant les heures de vie de classe ou pendant les temps d’aide personnalisée sous la conduite d’auxiliaires d’éducation ou de professeurs . On en trouve aussi dans les heures de cours ( histoire-géo/ EPS /SVT …) en fonction des emplois du temps des classes et des programmations établies par les professeurs.

Toujours au niveau de la liaison école collège, afin réfléchir ensemble sur l’accueil et aux premières semaines de vie au collège, des ateliers philo ont été animés par les formateurs d’ARP-philo et les animateurs de l’OCCE82 en Juin 2014 pour tous les élèves de CM2 du secteur du collège ( sur les thèmes du changement – grandir- devenir collégien…) élèves qui sont rentrés en 6eme en septembre 2014. Une série d’ateliers a été à nouveau conduite au collège avec ces mêmes élèves fin septembre -début octobre 2014 . A ce moment ce sont les professeurs formés qui ont animés ( supervision des formateurs ARP-philo et animateurs OCCE) La dynamique philo était déjà bien engagée dans l’établissement , les professeurs très déterminés et volontaires !

L’objectif était de voir si les représentations et points de vue des élèves avaient évolué sur le « passage » et de faire prendre conscience à chacun de cette évolution

Deux autres stages en Janvier et Mars 2015 :

Le groupe formé en avril avait émis le souhait dans le bilan du stage d’obtenir un accompagnement et un suivi  des formateurs ARP et OCCE; un moment de « retour » sur la pratique d’animation et de perfectionnement méthodologique leur paraissait nécessaire :

-un stage FIL « niveau 2 »de 6h a vu le jour en janvier et Février 2015 pour approfondir les compétences d’animation de ce groupe et instaurer de manière durable la philo pour enfants au collège. C’est à ce moment que l’établissement est entré à titre expérimental dans le projet académique « collèges innovants »

Encouragé par l’enthousiasme du premier groupe …un second groupe de professeurs et personnel d’encadrement a souhaité être formé :

-un nouveau stage FIL « niveau1 » de 6h a été proposé en mars 2015 ; toujours dans les priorités du collège pour les élèves : maîtrise du discours oral et appropriation de démarches citoyennes et responsables ; amélioration du climat scolaire et des attitudes civiques de la liaison école collège

Nous nous situions peu de temps après les attentats de Janvier 2015 !

Le groupe a ensuite réfléchi à la réécriture du projet d’établissement prenant en compte les différents temps et les ressources pour les ateliers philo à pérenniser dans l’établissement  : comme mener des ateliers philo le soir pour les élèves pensionnaires ; organiser des binômes d’animateurs : organiser leurs emplois du temps en « barrettes » ;proposer des ateliers philo pour les parents – ouvrir un espace de discussion « sans pression » avec eux…, présenter une synthèse de chaque atelier sur le site ENT( espace numérique de travail) du collège…etc

-Afin de sensibiliser la totalité des partenaires et responsables éducatifs, une journée de sensibilisation philo a aussi été proposée au CEC (conseil école collège) en vue de faire émerger et prendre conscience des représentations des enseignants 1er,2nd ° sur le thème de la continuité éducative et pédagogique ( inscrite dans le projet d’établissement)

A l’issue de ces deux années de formations, Arp philo et l’OCCE82 ont proposé aux stagiaires et à l’équipe de direction des temps d’accompagnement dans les classes -y compris dans les classes de Segpa du collège et d’aide à la mise en place d’un groupe méthodo , sorte de noyau dur garant du dispositif philo du collège .

                                                                                                                             Nicole Talleux  ARP Philo juin 2016

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Algérie!

Présentation du projet algérien

Objectifs et enjeux : Action diligentée par le Ministère de l’Education Nationale Algérienne en liaison et partenariat avec l’Ambassade de France en Algérie, visant la formation citoyenne des jeunes recommandée par l’UNESCO avec la promotion de l’expression libre argumentée, de l’écoute empathique et d’une culture de la paix.

Pourquoi un tel projet ?

Devant la montée de l’individualisme, de l’intolérance et de la violence, devant les difficultés actuelles de la transmission de la culture, devant les problèmes de communication entre personnes et groupes de personnes, il parait urgent de réfléchir à de nouvelles pratiques susceptibles de développer une éducation citoyenne et une culture de la paix et de la sérénité.

L’objectif général vise la formation de formateurs à l’animation et la mise en place d’ateliers de réflexion partagée depuis l’école primaire jusqu’à l’université et la promotion de la médiation comme outil privilégié de désamorçage de conflits pouvant générer la violence en milieu scolaire.

En Algérie le Ministère s’est montré très intéressé par cette nouvelle approche qui s’articule sur des choix méthodologiques en rapport avec des thèmes porteurs : « l’écoute », « la créativité », « la différence », « la communication non violente, CNV », « le respect de l’autre », « le respect et l’élaboration de la loi » , « sanction- réparation-punition » …. où la métacognition joue un rôle prépondérant pour permettre à chacun de porter sa réflexion sur le processus engagé, amenant des prises de conscience utiles pour le réinvestissement souhaité. Ce qui est visé en priorité, c’est un changement profond de « regard » sur soi et sur l’autre. Il s’agit de travailler à développer la confiance en soi, l’intérêt pour l’autre et la responsabilité citoyenne.

Trois sessions de formation conduites et animées par Madame Danièle Dupin de Saint Cyr, expert international assistée de formateurs locaux qui ont animé deux intersessions à Boumerdès au profit d’une quarantaine d’inspecteurs formateurs de formateurs de diverses filières des différentes wilayas du pays. Une démultiplication est prévue pour faire bénéficier de cette formation le plus grand nombre possible de cadres de l’éducation et permettre une application sur le terrain de cette nouvelle approche.

La première session de cinq journées de formation s’est déroulée à Alger du 09 au 14 janvier 2016 sur le thème de « la médiation en milieu scolaire » avec projection de vidéos, animation d’ateliers de réflexion partagée à visée philosophique, diaporama et film OCCE, production et adaptation d’outils, études de cas et typologie de conflits en milieu scolaire, éducation à la citoyenneté dans une classe’’ coopérative’’. Ces activités intéressent vivement les stagiaires qui les découvrent pour la première fois. Des documents d’accompagnement sont mis à leur disposition pour leur permettre de concevoir une formation à la communication non violente et de bâtir des stratégies de gestion de conflits en milieu scolaire …

Ainsi les Inspecteurs qui bénéficient de cette formation découvrent avec ravissement que ces activités d’ateliers de réflexion partagée (ARP-Philo) permettent de mettre au service de l’enfant des moyens pratiques et efficaces qui lui donnent la possibilité de mieux gérer son monde intérieur, ses sentiments, ses pensées et son vécu. Des moyens qui viseraient également à développer les capacités d’expression, de reformulation, d’attention, de concentration, et de maîtrise de soi pour mieux s’exprimer et contrôler ses émotions en vue d’apprendre à vivre ensemble dans une paix juste.
Les travaux d’intersession destinés à consolider les acquis des sessions nous révèlent tout l’intérêt des stagiaires pour la formation. La plupart d’entre eux ont réalisé des outils à partir des documents remis (DESC , ARP, GAP) qu’ils ont pu adapter et utiliser avec succès dans leurs circonscriptions. De nombreux témoignages de cas de conflits gérés sur le terrain le démontrent.

La 2ème session s’est déroulée également à Alger, du 12 au 17 mars 2016 selon le même mode d’organisation.

Au programme :

La distinction entre « Outils jardinier (CNV-ARP- COOP) et outils pompiers (protocole du médiateur, DESC-GAP-OSBD) » – Recettes/repères, attitudes/réflexes…

L’Atelier Documenté ou ‘’classique’’( avec texte sur l’écoute) Les problèmes de terrain, témoignages.

L’empathie et la relation d’aide , la Grille de Porter appliquée à un cas.

L’Outil CNV ( attitude girafe ou chacal) –

Le Choix du protocole. – L’animation, l’observation, le questionnement

Les nouveaux outils proposés ouvrent de nouvelles perspectives dans l’éducation à la non violence, la prévention et la gestion de conflits générateurs d’attitude destructrices. Ils sont analysés avec soin dans le cadre de travaux de groupe. Particulièrement les outils « jardinier » , « pompier » et la grille de Porter dans leur modalité d’utilisation.

L’intersession qui s’est déroulée à Boumerdès fut tout aussi fructueuse que la première. De nombreux outils furent conçus par les stagiaires et présentés à leurs collègues. Par ailleurs les formateurs locaux se sont attachés à arabiser tous les documents et outils remis par l’expert international.

La 3ème et dernière session s’est tenue à Blida du 07 au 14 mai 2016 avec pour objectif de rendre les stagiaires opérationnels, productifs et capables d’analyser des pratiques.

Un guide élaboré par l’expert est analysé en travaux de groupe.

Le groupe propose de bien intégrer et insister sur les points suivants :

– Démarrer par une introduction courte destinée à accrocher le public : Pourquoi la médiation en milieu scolaire ? Qu’ est ce que ce besoin de médiation ?

  • Comment et pourquoi développer en milieu scolaire la communication, l’empathie, l’écoute , la compréhension et le pardon?
  • Ajouter un atelier GAP, présenter les principes de la CNV.
  • Terminer par la présentation d’un rapport de médiation .

En conclusion, il parait sage de rappeler que la philosophie avec les enfants n’est pas une approche anticipée de l’enseignement classique de ‘’terminale’’, en philosophie. On n’est pas dans l’extérieur et le frontal ! On ne présente pas une galerie de philosophes, avec explication de leurs œuvres. Au contraire, la philosophie pour les enfants incarne un nouveau paradigme éducatif qui veut partir de l’expérience de la réflexion partagée stimulée par l’animateur . On part des conceptions des enfants, pour leur apprendre à penser par une pratique où ils sont amenés à découvrir par eux-mêmes en se confrontant aux autres, comment écouter mieux, raisonner, illustrer d’exemples se montrer critique dans le respect de la personne de l’autre et devenir de vrais ambassadeurs de paix travaillant au bien commun !

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2016 explosion des projets au Maghreb

A suivre au Maroc en novembre, puis en Algérie, et en Tunisie en 2017

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Tunisie 2016

Journal de voyage Tunisie avril 2016

Samedi 2 avril

Nous ne sommes que 3 au départ de Toulouse, 3 pélerins laïcs, Sabah, Guy et moi, engagés par ailleurs comme présidents, qui à Coup de Soleil, à La Ligue de l’Enseignement, ou à ARP-PHILO, notre dénominateur commun !
Nous sommes attendus par les Kristou venus de Bizerte pour nous embrasser, par Safa accompagné de Mokhtar, un étudiant motivé qui se souvient de Toulouse et de son hébergement chez les Meurisse, par Dalenda et Faouzi. Accueil très chaleureux comme d’habitude ! Gleya est restée à la maison pour faire la cuisine, le repas nous réunira tous rue de Casablanca !
En chemin Safa nous raconte les changements dans la ville , nous montre les lieux qui ont pris du relief dans l’actualité : Le Bardo et le café où les terroristes se sont préparés…
Nous retrouvons Faouaz venu d’Algérie sans Zohra qui a eu encore un problème de santé, la pauvre ! Faouaz a fait 850 km, en covoiturant deux personnes non concernées par notre projet , compagnie et partage appréciable pour lui !
Notre avion avait une heure de retard , attentes et queue dans l’aéroport au milieu des vigiles de l’armée bien visibles…
Tout le monde va au lit sans traîner ! Sabah chez les Zribi, Guy, Faouaz et moi chez les Maatallah qui ont débarassé et arrangé la pièce de l’entrée pour que j’ai une chambre tranquille avec connexion !

Dimanche 3 avril
Journée light bienvenue, tourisme et détente !
On se répartit en 2 voitures .Gleya a donné RV à ses étudiantes qui ont souhaité passer la journée avec nous ! Roukaya et sa cousine Cyrine qui étaient logées chez Mijo à Toulouse, Wared logée en octobre chez Elisabeth et Hyba …
Nous nous retrouvons déambulant dans les ruines de Carthage saluant au passage l’empereur Septime Sévère ( d’origine africaine) et les Antonins dont nous parcourons les thermes !
Vieilles pierres,acanthes et massifs fleuris nous rappellent l’histoire de cette cité qui fit trembler Rome !
Dalenda nous rappelle que son prénom donné encore dans les familles tunisiennes à la cinquième fille d’une série pour dire   » Basta les filles, on attend un garçon !  » est un héritage étonnant de  » Carthago dele nda est » de Caton l’ancien : Il faut détruire Carthage !

Déjeuner à La Goulette de chorba, brick et poisson !
Promenade à La Marsa, au milieu de familles, de couples d’amoureux, de fanfares et de supporters des deux principales équipes de foot de Tunis en compétition dans le  »Derby » local !
Des clameurs venues de cafés où le match est retransmis attirent Faouzi puis Safa qui nous rendent compte du score !!!
On déguste Bambalounis ( beignets au sucre) dans la rue ou glaces chez Salem, gâteries connues du coin !
Sabah et moi nous déchaussons pour un bain de pied très agréable et délassant dans la mer, nous marchons dans l’eau en imaginant au loin les côtes italiennes et siciliennes ! La vie est belle ici !

Rentrée avec Safa sur Tunis par le Lac et ses nouveaux quartiers pour ambassades , affaires et habitations bourgeoises de grand luxe !
On a du mal à croire au vu de ces bâtisses rutilantes que le pays est en crise économique …
Des cartons au sol devant un ministère, servant de matelas à de jeunes hyperdiplomés au chômage nous rappellent cependant que la vie n’est pas rose pour tout le monde !
La discussion le soir avec Mokhtar, l’évocation de la situation de Hyba nous parlent aussi du sort des pauvres !
Gleya nous fait passer une video montrant l’accueil triomphal réservé en 1982 par le peuple Tunisien et Bourguiba, aux Palestiniens chassés de Beyrouth, bouleversant !

Ce peuple suscite respect et admiration : quelle générosité dans la solidarité avec les bannis de la terre !

Lundi 4 avril

Démarrage vers 9h pour Byzerte.
On retrouve Saïda kristou, Saïda Hamdi, Les Bedjaoui, puis Améni sur la Corniche !
Nous sommes reçus chez Améni pour un repas tunisien maison avec shorba, tadjine traditionnel, et couscous arrosé de leben, un bon thé à la menthe au salon et en route pour l’école privée où Ameni enseigne le français !
Ameni a perdu 20kgs en 5 mois, le changement est spectaculaire ! Un centre diététique offre suivi de régime hyperprotéiné, salle de gym et soins divers… Elle en a bien profité et est resplendissante ! Elle assume sans problème !

L’école privée Elquindus existe depuis 4 ans seulement, les effectifs sont réduits, à peine 16 par classe !
La classe de notre amie est une 3ème année de primaire, certains enfants n’apprennent le français que depuis l’an dernier. Ce sont en général des enfants de milieu sinon favorisés financièrement, au moins très soucieux de donner à leurs petits une bonne éducation et de bonnes chances de réussite !

Nous disposons rapidement les sièges pour regrouper dix enfants au milieu de la salle et je propose un premier atelier court sur le bonheur :
Qu’est-ce qui vous rend heureux et pourquoi ? Les réponses sont variées et évoluent au fil des tours ! les enfants essaient de s’exprimer sans se copier avec le peu de vocabulaire dont ils disposent. C’est un gros effort pour eux mais ils sont tout excités et très motivés !

Ce qui me rend heureux : des activités comme le jeu de ballon, le tennis, la piscine, la bicyclette, …les promenades au bord de mer, des courses avec maman au supermarché, mais aussi des visites de personnes chères, la compagnie d’animaux ( chiens) , faire des voyages, des rencontres d’amis et de membres de la famille, grand-mère ou tante dans un cadre agréable et avec des lectures ou des conversations enrichissantes, qui font grandir, réussir, parler en français. On adore le français, la maîtresse, travailler à l’école, faire ses devoirs !!!
On n’en reste pas à l’avoir mais on parcourt le faire, le bouger, le grandir et le vivre ensemble !

Deuxième atelier court , présenté par Sabah : Que ressentons-nous quand nous sommes agressés et que faire ? La question est reformulée, et le mot  »agressé » expliqué.
Expression du ressenti : On est triste, fâché, très fâché, on pleure, on est en colère, on est  »mélancolique », ce mot plaît beaucoup !
Situations d’agressions évoquées : On me pousse, on me prend mon stylo bleu, on me dit des gros mots, on me  »torture », on pense au terrorisme qu’on déteste parce qu’ils tuent des innocents !
Que faire ? J’en parle à mes parents, à la maîtresse, au directeur ! Je discute avec celui qui m’agresse, je lui demande d’arrêter et de ne plus recommencer, je lui dis arrête ! Attention !

Discussion générale :
Comment avez-vous vécu ce moment  »philo » ? C’était bien, on aime parler en français, réfléchir à des questions avec les autres, qu’on nous écoute !
Quelles autres questions aimeriez-vous creuser avec vos camarades, une autre fois ?
– Pourquoi y-a-t-il des agressions ? Pourquoi voler, se bagarrer, ennuyer les autres ? Comment rester heureux avec ses amis ?

Troisième atelier animé par Guy : Réflexion partagée autour d’un récit de fiction sur l’évolution d’un enfant qui se comportait au début comme une brute. L’animateur choisit de passer beaucoup de temps en explication de texte.
Les phases  du protocole: tour de table des premières représentations, puis débat puis énoncé de conclusions personnelles ne peuvent se déployer !
Nous n’avons pas vécu un atelier philo classique même si la séance qui a comporté jeu de rôle, expression par vote d’opinions sur différents sujets a montré qu’on peut être majoritaire et dans l’erreur. Prise de conscience intéressante dans cette première approche d’une activité  »philo » !
Ebauche de réflexion sur  » Que faire pour aider un ami à devenir moins agressif ? »
– Je lui parle doucement, à sa manière, avec des mots gentils, je lui demande d’arrêter, je lui demande pourquoi il fait ça, je lui conseille de ne plus recommencer …
Les enfants nous semblent fatigués après 3 heures passées à se concentrer sur des sujets inhabituels, mais ls en redemandent !

Réunion des acteurs et visiteurs pour un échange sur cette première journée de travail avec enfants en Tunisie.
Guy expose ses choix stratégiques et pédagogiques devant les difficultés rencontrées. On se réjouit de l’effet sur les enfants de ces premiers ateliers.
La maîtrise de la langue est la condition de réussite de ces activités mais en est aussi le bénéfice
attendu par la forte motivation qu’elles font naître !
Conseils : S’approprier les protocoles ARP mais rester vigilants, attentifs à ce qui se passe pour pouvoir en jouer au service de la libération de la pensée et de l’écoute des autres !
Dans un atelier classique, le texte n’est qu’un prétexte, la question choisie est le second point de départ de la réflexion, il convient à partir de là de se donnet une bonne demie heure pour le tour de table , le débat animé de façon à accompagner le mouvement de la pensée et permettre dans le dernier tour de table, des synthèses personnelles – Il reste ensuite à donner la parole aux observateurs et à conclure sur le processus plus que sur le sujet !
Ce n’est qu’un début ! Mais il est prometteur…

Mardi 5 avril

Visite du Bardo avec comme guide Elhem Hammani conservateur chargé du service éducatif du Musée.. 
Une mosaïque récente au sol à l’extérieur du Musée rend hommage aux victimes de la tuerie qui a endeuillé les lieux, le pays, le monde de la culture. Les victimes sont représentées dans des médaillons . Nous nous recueillons.
Les étudiants de la Manouba nous rejoignent, jeunes , beaux et joyeux !
On commence par les antiquités grècques et latines,
Question malicieuse d’un ami musulman : » Mais quels problèmes ont-ils avec les vêtements ? »
Quand on passe aux antiquités chrétiennes : Là ça va mieux ? Ils se sont rhabillés ? Même Venus à la toilette est couverte !
On échange sur l’humour et les difficultés de rire de soi quand cela touche à notre sacré !

Le Musée est magnifique… Des pièces rares sont exposées , la mosaîque de Virgile à l’entrée, la statuaire récupérée sur un navire coulé à proximité de la côte , navire sorti de son itinéraire tracé ( d’Athènes à Rome!)… deux baptistères magnifiques d’harmonie, des objets usuels étonnants comme ces bols à becs, biberons de l’antiquité !
Ejhem nous explique ce que le Musée organise pour les enfants : ateliers d’écriture, chasses aux trésors, parcours thématiques ! Nous échangeons nos adresses, elle propose qu’on essaie ensemble un atelier philo dans ces lieux ! Affaire à suivre !
Nous rencontrons une classe en visite, les enfants nous photographient , nous sommes des curiosités! Ils nous chantent leur hymne national avec beaucoup de coeur puis se dispersent comme des moineaux sur un  »Vive la Tunisie » fervent qu’on redit avec eux !

Repas sur l’avenue Bourguiba au restaurant  »Capitole », recommandé par le Routard, c’est copieux rapide et bon !
Petite promenade en médina et café en terrasse face à la Porte de France , rendez-vous des taxis algériens !
17h30 à la Maison de la Culture on écoute Salah Zghidi, militant des droits de l’homme, syndicaliste, emprisonné 3 fois sous Bourguiba et BenAli… sur la notion de terrorisme !
Il insiste sur le terrorisme islamiste , hydre télécommandé par Daesh et les frères musulmans avec un projet de société archaïque et dévastateur ancré dans la Charia.
Il souligne le rôle de l’Arabie Saoudite et du Quatar… retrace l’histoire récente du pays et le rôle que continue à jouer Ennada dans ce gouvernement qui pour lui s’est installé dans un compromis mou et qui ne prend pas de mesures pour arrêter le terrorisme et faire justice en condamnant les assassins de Choukri ! Le procès est toujours retardé !
Le débat est animé par Guy. Nous avons du mal à quitter notre hôte et à arrêter la discussion avec ce militant passionné !
Dîner chez Dalenda et Faouzi ! Dalenda a passé sa journée à le préparer !
Soupe aux lentilles, riz à la vapeur et aux épices , ragoût de poulet aux coeurs d’artichauds et petits pois frais… fruits et makrouds !

Mercredis 6 avril
Manouba
Rencontre de Habib Kazdaghli doyen qui a le bras dans une goutière-attelle :suite à une agression par un groupe d’élèves grévistes ! Il vient ouvrir la session universitaire.
L’université n’est pas une usine de fabrication de diplomés, mais un lieu d’éducation citoyenne, de créativité et de résistance au dogmatisme religieux, lequel ne peut s’imposer en tant que tel ici : l’esprit critique dans le rapport au savoir s’impose absolument !
A 10h, Habib Melah , professeur de littérature à la retraite intervient sur le thème des valeurs de l’Université, en fait il nous parle de la liberté académique. (article33 de la constitution) et des batailles menées et à mener pour la garantir en Tunisie comme dans le monde ! L’université ne peut être asservie aux croyances religieuses ! Elle ne peut être limitée que par des nécessités d’hygiène ou de pédagogie ! La recherche doit pouvoir se faire sans contraintes doctrinales !
J’anime le café citoyen à partir de là !
Chacun dit ce qu’il retient de l’exposé . Retenus :
– l’article 33- Les finalités et missions de l’université : la seule collation des diplômes ou la formation des citoyens ?- le rapport aux droits de l’homme- La déclaration de l’UNESCO- L’importance de l’indépendance de l’Université…

Puis un débat s’engage  autour des notions de dogmatisme et de verité , du rapport à un cadre législatif clair, de ce que pourrait être une éducation à la citoyenneté : cours magistral sur le sujet ou expérience de vie ici et maintenant avec des règles et du respect ? Pratique de participation active aux activités proposées le mercredi, et même aux cours ( on n’est pas là pour consommer du cours mais pour grandir en savoir et devenir utile au pays) et même à l’édification et au respect de la charte  de l’université!
Dans la dégradation actuelle, les torts sont partagés , et si chacun se remettait en question ?
Les étudiants et les professeurs ! L’éducation citoyenne est ici et maintenant dans l’action !

Pause à 12h puis deux ateliers courts animés par Wared puis par Mokhtar sur : Pourquoi
certains sont-ils attirés par le terrorisme ? La solidarité, jusqu’où?
1- Pourquoi cette attirance pour le terrorisme ?
Ceux qui sont attirés par le terrorisme sont en général incultes , marginaux, sans avenir, sans liens sociaux autres qu’avec des marginaux ou des recruteurs manipulateurs ! Ils croient aux promesses d’argent ou d’au delà meilleur et n’ont rien à perdre !
2- La solidarité pourquoi et jusqu’où ?
La solidarité est nécessaire à la vie. Peut-elle être inconditionnelle ? Ne faut-il pas quelquefois se désolidariser du groupe lorsqu’il nous conduit à notre perte ou nous amène à détruire l’autre ?
L’expression sur le vecu montre beaucoup de surprises et de satisfaction : on est heureux d’avoir pu parler et être écouté !

Repas sur place dans la salle de restauration réservée aux professeurs

Atelier classique : à partir d’un texte d’Assia Djebbar  »Le terroriste » !
Je l’anime !
Question  choisie : Qu’est- ce qui peut conduire la relation maître/ élève à devenir violente ?
Idées retenues : Qui est responsable de la violence en salle de cours ? Les situations sont variées mais Maître et élève sont impliqués-concernés par la violence en cours !
Il y a violence dès qu’il y a projet de suppression d’un des protagonistes, ou effet ressenti de destruction ou blessure !
Le non-respect, la confusion, l’injustice sont sources de violence…
On peut vivre comme violence, le fait d’être ignoré en classe !
La séance se termine par un dernier tour de table où chacun dit où il en est arrivé sur le sujet et ce qu’il a éprouvé.
Les participants d’âge, de statut, de nationalités différentes sont heureux d’avoir débattu ensemble!On apprécie de n’avoir pas eu à attendre son tour, d’avoir pu réagir immédiatement, d’être partis d’un texte. On a l’impression d’avoir approfondi une question en toute liberté et harmonie !

La violence, il vaut mieux l’arrêter le plus tôt possible ou ne pas la commencer ! En tout cas il ne faut pas la laisser s’installer et il faut mettre les violents hors d’êtat de nuire, en comprenant comment ils en sont arrivés là et sans haine !… Sans quoi plus de vie  »humaine », on se retrouve en barbarie !

Jeudi 7 avril
Journée détente à Tunis ! En fin d’après midi on se transporte à Bizerte pour participer au Ciné club de Rifaat à 18h30 et profiter de son hospitalité !
Le film indien projeté Maasan est un film d’auteur, il nous parle d’histoires d’amour et de mort sur fond de paysages grandioses. Le Gange majestueux avec sur ses bords, ses buchers permanents en est le cadre. De très jeunes gens vivent leurs premières passions dans l’innocence, la retenue, et la tragédie . Un régime où la corruption règne, où les castes séparent, pèse sur ces histoires amoureuses . Pour autant apparaissent timidement espoir et possibilité d’issue… La culture, les études, l’amour, l’amitié, le travail sont des atouts et paramètres qui permettent de rebondir, des fenêtres sur la vie.
Le débat est animé par Rifaat très à l’écoute. Chacun s’exprime dans le groupe, même Wared et Faouaz ! C’est un excellent moment de partage d’émotions, d’analyses, d’échos personnels…
Chacun rentre ensuite avec et chez les amis de Bizerte qui l’hébergent : Gleya, Safa, Faouaz, Wared, Sabah chez Améni, Guy et moi chez les Kristou !
Dîner sympa déjà préparé par Saïda et discussions animées sur le terrorisme, les religions et la situation de Bizerte gouvernée municipalement par Ennada !

Vendredi 8 avril
Sur Menzel Bourguiba : atelier au lycée de Saïda Hamdi !
Nous attendions 20 élèves volontaires, nous en avons 80 de première et terminale qui remplissent le hall très bruyant qui nous est attribué. Trois professeurs sont présents. On explique aux élèves qu’on va demander 12 volontaires au milieu, une vingtaine pourront rester en observateurs . Les autres sortent sans problème quand Saîda leur promet de leur faire un atelier plus tard !
Faouaz a accepté d’animer l’atelier court : Qu’est-ce que réussir sa vie ?
C’est avoir un but, des objectifs, une ambition, réaliser ses projets, arriver à surmonter les difficultés, être en harmonie de partage avec les autres, ou se faire tout seul, arriver à grandir en respectant la différence, arriver à atteindre le bonheur, à aimer les autres, à les respecter, correspondre à ses rèves !
On apprécie d’avoir eu l’occasion de s’exprimer en français, de s’être enrichis en écoutant les autres, de s’être  »décoincé », on aime cette idée d’atelier qui est une bonne occasion de réfléchir en s’écoutant ! En bref on est content d’avoir parlé, écouté réfléchi à une question intéressante !

Atelier classique documenté à partir d’un conte : Le petit lapin blanc ! Conte canadien du dossier UNESCO
Je le raconte en essayant de coller aux principes de la communication non violents : le lapin victime de racisme apprend à se calmer, et à se faire du bien, puis à engager la communication avec ses agresseurs, à écouter et exprimer ses propres émotions, à s’intéresser à celles des autres et à formuler une demande claire pour sortir du problème !
Les participants sont en général très concentrés, même si on remarque une utilisation du téléphone portable sous la table… pour sms ou consultation d’écran ?
On prend un peu de temps à préparer en groupe la formulation d’une question à partir du conte.
Deux adultes se sont joints au groupe et ont accepté de participer comme les élèves au débat .
La question qui émerge est  »Comment combattre le racisme ? » On entendra  »racime » comme toute discrimination visant à exclure la différence ( de sexe, de couleur, de culture, de  »normalité physique »…) »-
On prend conscience du fait que ce combat est autant social et politique, que relationnel en situation duelle, ou qu’intérieur ! Nous avons des préjugés qui nous conduisent à  »réduire  » l’autre à n’être que noir ou jaune ou handicapé ou femme, donc à oublier qu’on fait tous partie de l’espèce humaine, qu’on a un fond commun sous nos différences !
Le dernier tour de table montre que chacun à évolué vers une synthèse personnelle, le bouquet final est riche et diversifié ; on est sortis ensemble des lieux communs…
Tous disent leur plaisir d’avoir participé à cet atelier, certains ajoutent qu’ils ont surmonté leur peur et leur timidité d’autres qu’ils ont aimé parler français

Repas chez Béchir au bord du lac
Latifa a préparé le repas toute seule pour une dizaine de personnes ! Moment agréable de dégustation, discussion et photos au bord de l’eau près des eucalyptus odorants et des massifs fleuris
multicolores !
On se rend à la Maison des Jeunes .
J’avais compris que nous aurions affaire à un groupe de moniteurs et nous avions préparé avec Saïda et Guy des questions adaptées… je me retrouve avec un public hétérogène de jeunes d’un quartier chaud qui me rappellent mes débuts comme prof de philo après 68 !
Ricanant , se poussant du coude, incapables de s’exprimer clairement, manifestant à la fois l’envie de participer à quelque chose ensemble et en même temps de se singulariser au plus facile !
Je lis dans leurs yeux l’amitié, le désir, la désolation de ne pouvoir faire mieux !
On décide de régler le problème de la langue en permettant l’expression en arabe et en jouant des traductions avec l’animatrice !
L’atelier court sur la question : Qu’est-ce que la solidarité pour vous ? et Faut-il toujours être solidaire ? A du mal à être comprise… On la reformule en français et en arabe.
Mais le bâton de parole mis en jeu entreprend une course folle , il ne s’arrête que pour recueillir quelques balbutiements…
Au diable le protocole ! Je change les consignes pour essayer de sauver l’occasion de permettre à ces jeunes de réfléchir ensemble !
La solidarité c’est s’aider, compâtir, partager
Quand la solidarité est-elle une bonne chose ? En cas de catastrophe naturelle, quand il y a de très pauvres, des faibles à défendre… dans une équipe de foot !
Quelquefois certains ne sont pas solidaire dans un match… quand ils jouent  »perso » !
Faut-il toujours être solidaire ?
Exemples donnés de criminels à arrêter même s’ils font partie de la tribu !
Mais il y a solidarité dans l’aide à continuer pour qu’ils deviennent plus humains, plus intégrés !
Ouf ! L’atelier finit mieux qu’il n’a commencé ! Les jeunes retournent dans le grand groupe, apparemment pas mécontents du voyage après avoir exprimé verbalement leur désir de recommencer ce genre de pratique et le plaisir d’avoir pu parler même si c’était difficile en français !

Deuxième groupe : Atelier classique documenté !
Nous faisons appel à volontariat adulte ( les moniteurs) complétable par des jeunes !
J’annonce le menu et l’enjeu, puis je raconte l’histoire du lapin, ce ne sera que la 2ème fois de la journée !!! Je précise que le conte est enseignant pour tout public même s’il y a des animaux qui parlent, c’est une invitation à nous interroger sur nous mêmes !
Ce conte ramasse tous les enseignements de la Communication Non Violente, écoutez bien !
Le conte dit, je demande à quoi il nous fait penser et ce qu’on en comprend et retient !
– C’est sur le racisme ! Sur ce qu’on resssent quand on nous rejette, c’est ce qu’on peut faire quand même pour réagir sans être violent !
On fait ensuite un tour de table et on entre dans un débat très riche sur la question : Faut-il accepter toutes les différences ?
Le débat est anime et les avis divergent : – Oui il faut tout accepter ( les différences de couleur, de religion…)- Non il ne faut pas accepter les terroristes et les violents !
Que veut-dire accepter ? Les laisser vivre et s’exprimer ?
– Oui les laisser vivre…
Est-ce intéressant , utile d’entendre des choses différentes de celles qu’on pense ?
– Oui on comprend mieux les autres ! -Non , je n’accepte pas de changer ma conviction !
Et je ne peux pas tout entendre !
Est-ce pareil : accepter et adhérer ? Comprendre et prendre l’idée pour sienne, adopter l’idée ?
La séance se finit sur une note optimiste, laudative et sur des questions : Ne pas parler arabe est-ce mépriser l’arabe ? Demander qu’on parle arabe est-ce une demande idéologique ou une revendication pour pouvoir mieux communiquer ? Ne peut-on pas déjà améliorer la communication en tenant compte des difficultés et de la situation ?
L’animatrice nous dit que c’est la première fois que ces jeunes qui sont le plus souvent des exclus du système se tiennent à une activité « intellectuelle » aussi longtemps ! C’est vrai qu’on les a tenus 3 heures !!!
Les associations représentées ( APEC etc.) nous annoncent qu’elles vont utiliser nos formules avec notre permission ! Accordé !

Régulation ultime en guise d’évaluation :

Chacun dit ce qui lui semble avoir réussi , les questions qu’il se pose et les suggestions qu’il ferait.
On trouve très réussi l’effet d’accroche de nos pratiques sur les jeunes et les professionnels ( enseignants et animateurs d’associations)
On regrette de n’avoir pas pu toujours anticiper la nature du publc et le nombre de participants, les conditions de travail : un atelier nécessite du calme, pas de bruit ni de mouvement ! De préférence ! Si possible ! Bien sûr sinon on s’adapte… autrement on ne ferait rien !!!
Demandes et suggestions- Demande formulée un stage de 3 à 5 jours-
Nous pouvons revenir pour faire de la formation de formateurs ou d’animateurs sur 3 jours au moins, avec les mêmes (AMPC) et des enseignants et/ou animateurs jusqu’à une trentaine, c’est la vocation d’ARP-PHILO !
Perspectives :
Chacun va continuer l’opération sur son terrain et des réunions de mise en commun seront programmées à l’interne avec une assemblée générale pour mettre à plat le fonctionnement et les finances, elles mêmes un peu à plat, d’ailleurs !!!
Samedi 9 avril, Retour  en forme et heureux de ce travail utile semble-t-il , et en si bonne compagnie ! – Danièle

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2016 le grand boum au Maghreb et dans le sud-ouest!

En 2016, donc en bref ( pour le détail voir les pages!):

Au Maghreb c’est Danièle qui chapeaute!

– Au Maroc avec l’association FOSE et nos amis Halima, Aziz et Saïd
Une formation à Marrakech… du 2 au 7 février!

– En Algérie, 3 sessions de 5 jours pour la formation des inspecteurs formateurs de formateurs: Inspecteurs de l’administration, des finances, de l’Orientation et de la pédagogie à la Médiation avec ateliers philo à la clef!

– En Tunisie du 2 au 9 avril, voyage atelier-solidaire, de l’université à la Maison des jeunes en passant par une classe d’enfants à Bizerte!

Dans le SUD-OUEST c’est Nicole qui assure!

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